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Juillet 2021


Daniela


« Mesdames et messieurs, dans quelques instants le TGV entrera en gare de Castel-sur-mer, terminus de ce train. Nous espérons que vous avez effectué un agréable voyage. »

Plutôt agréable, oui.

Je jetai mon ordinateur portable dans ma vieille besace en cuir et me levai. Tout en rangeant mes affaires, j'observais le paysage méditerranéen qui défilait derrière les vitres immaculées : les champs dorés de la campagne française avaient succédé aux murs de la ville. Il était midi trente. La mer miroitait fugacement entre les bâtiments colorés, comme si elle jouait à cache-cache avec le train.

Le temps d'enfiler ma veste et de sortir dans le couloir, le TGV entrait en gare et s'arrêtait dans un coup de frein discret.

« Vous êtes arrivés à Castel-sur-mer. Tous les voyageurs descendent de voiture. Assurez-vous de n'avoir rien oublié dans le train. »

Je n'avais rien oublié. Je descendis à la suite des autres et pris une profonde inspiration, là, sur le quai. L'air du large, chaud et salé, s'enroula dans mes cheveux. C'était tellement bon ! Je suivis la foule en direction de la gare, tirant ma valise derrière-moi, et sortis sur le parvis baigné de soleil.

Là, je regardai de tous côtés. Il y avait des passants, des filles de mon âge qui prenaient un pot en terrasse juste en face, leurs lunettes de soleil sur le nez, un couple qui s'embrassait à perdre haleine près de la petite fontaine qui glougloutait, mais personne que je connaissais. Je consultai l'heure à mon poignet, perplexe.

Elle devrait être là...

─ Dani ! cria la voix de Soraya. Hé ! Par ici !

Je tournai la tête. Garée en double file, Soraya me faisait de grands signes de la main à travers la vitre abaissée de sa Seat Ibiza rouge. Je la rejoignis avec un grand sourire. Elle bondit de la voiture et nous tombâmes dans les bras l'une de l'autre en riant.

─ Ca fait trop plaisir de te voir, Sora !

─ T'es superbe ! me dit-elle, l'air admiratif. Toute bronzée, comme d'hab...

─ Rio, répondis-je simplement, et je l'embrassai sur la joue. Merci. Ca va ?

─ Super. Monte vite avant que les flics me collent une amende, ça arrête pas ici.

Je jetai ma valise dans le coffre avant de m'installer à côté d'elle. J'eus à peine le temps de boucler ma ceinture ; Soraya s'inséra dans la circulation, pied au plancher. Sacrée Soraya. Toujours pressée.

─ Alors, comment ça se passe ? demandai-je en admirant les petites rues inondées de lumière, les jolies maisons aux toits ocre et les palmiers égayant les trottoirs.

─ C'est génial. J'adore la Terrasse, et je suis certaine que tu vas aimer aussi. Y'a une super ambiance, on est trop bien.

─ Cool.

─ C'est marrant de penser que t'es jamais venue, alors que...

Elle s'interrompit en se mordant la lèvre, me regardant du coin de l'œil.

─ ... enfin voilà quoi.

« Alors que j'étais avec Alessio pendant mille ans » finis-je en pensée, mais je ne dis rien, me contentant de lui sourire.

Alessio venait presque tous les étés à Castel.

C'était du passé, tout ça.

─ Magali va être trop contente de te voir ! lança Soraya en accélérant devant un feu vert. Elle est arrivée la semaine dernière.

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant