Daniela
Il sembla surpris de me trouver sur son palier. Il était encore tout habillé, t-shirt à manches longues, jean, et avait un crayon derrière l'oreille.
─ Hé, fit-il, me fixant d'un air étonné derrière les verres de ses lunettes. Ca va ?
Je fis « non » de la tête, la lèvre tremblant sans retenue.
─ Je peux entrer ? demandai-je dans un souffle.
─ Ouais, bien sûr.
C'était la première fois que j'entrais dans sa chambre. Elle était un peu plus grande que la mienne, avec un parquet clair, et un mobilier peint en blanc. Je m'assis sur son lit, il fit de même ; lorsqu'il posa la main sur mon dos, la chaleur de sa paume me fit délicieusement frissonner.
Qu'est-ce que je foutais là ? J'aurais dû aller dans mon lit, pas venir ici.
J'attrapai le crayon juché sur son oreille et, les yeux baissés dessus, me mis à le faire tournoyer entre mes doigts.
─ Livai ne tient pas à moi, tu avais raison, dis-je à Alessio d'une voix atone.
Ce qui signifiait que c'était fini.
Ce qui signifiait pas de bébé.
Je me remis à pleurer silencieusement. Je me moquais qu'il se soit amusé dans mon dos. Ca blessait ma fierté, mais seulement ça ; mon cœur semblait intact. Non, en fait, j'étais plus attachée à ce projet de bébé qu'à Livai lui-même, je m'en rendais bien compte. Absurde. Je n'aurais pas de bébé. Je n'aurais pas d'enfants avant cent ans parce que j'étais incapable de me trouver un mec bien ; et quand j'en avais eu un, je n'avais pas su le garder. Une autre l'avait pris. Je le lui avais tendu sur un plateau.
J'avais beau aller mieux aujourd'hui, je faisais encore des gaffes et des choix douteux, et voilà le résultat.
─ Je te crois, dis-je à Alessio, séchant mes joues. Si tu me dis que tu l'as vu avec... une fille, je te crois. Je sais que tu ne m'as jamais menti.
─ Tu me fais plus confiance qu'à ton copain, alors ?
─ Ce n'est plus mon copain, chuchotai-je, le cœur douloureux.
Je me serrai contre lui, enfouissant mon visage dans son cou.
─ Je suis désolé, Dani, dit Alessio tout doucement.
─ Pas autant que moi.
Il y eut un silence, tandis qu'il me caressait doucement le dos. Je glissai une boucle de cheveux derrière mon oreille.
─ Ma grand-mère est malade, bafouillai-je.
─ Oh, non. C'est dur. J'espère qu'elle va vite se rétablir. Qu'est-ce qu'elle a ?
─ Alzheimer, et j'en savais rien. Ma mère me l'a caché. Tu te rends compte, j'ai rien vu, alors qu'on se parle souvent. J'ai même rien vu pour Liv, j'ai rien voulu voir !
─ Dani... c'est pas toujours évident de remarquer ce genre de choses, je pense.
─ Peu importe, de toute façon, sanglotai-je. Peu importe, peu importe.
─ Dis pas ça. Ta grand-mère ira mieux, je suis sûr.
─ J'espère, mais... elle va m'oublier... et y'a rien de pire que l'oubli. Ca fait tellement mal. Tu m'as bien oubliée, toi.
Je levai les yeux vers lui. Il y avait tant de tendresse dans son regard que ça me coupa le souffle. Tant d'amour. Il me regardait exactement comme toujours et j'en avais des frissons chauds partout, le cœur qui battait la chamade.
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Le Versant du Soleil (HB tome 3)
ChickLit" Je suis une contradiction. J'oscille entre deux mondes, deux possibles, deux parts de futur. Mon amour pour Chloé est comme la lune Mon amour pour Dani est comme le soleil Le soleil ardent poursuit la lune délicate, la Lune délicate fuit le soleil...