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Daniela


J'étais assise en tailleur sur un transat, au bord de la piscine ; le soleil réchauffait ma nuque et mes épaules. Je lisais « L'esprit de la matière » un essai sur la physique quantique, et je terminais tout juste un chapitre lorsque mon téléphone se mit à sonner.

─ Oi Nana !

─ Ma chérie ! Tu fais quoi de beau ?

─ Je lis au soleil, m'extasiai-je. Le paradis.

Elle rit.

─ Toute seule ?

─ Ben, oui... c'est mieux pour lire, non ?

─ Je ne sais pas. Pas de beau garçon près de toi ?

─ Nana, toujours ton esprit mal placé, la taquinai-je.

─ Mais non... Tu sais, j'ai beaucoup aimé l'idée du charme Pi que le jeune Alessio t'a offert pour ton téléphone. Tu ne voudrais pas le draguer, un peu... ?

─ Le draguer ! manquai-je m'étouffer.

─ Ben, oui. Ce n'est qu'un homme, après tout.

J'étais partagée entre le rire et l'horreur.

─ Non, Nana... ! En plus, je te rappelle que je suis avec Liv.

Nana poussa un soupir peu flatteur.

─ Je vais être franche avec toi, mon enfant, je ne suis pas fan du personnage. Il est pétri d'un orgueil... ! Sérieusement, pour qui il se prend... ?!

─ Dis-moi plutôt comment va ton copain à toi ? fis-je, changeant rapidement de sujet.

─ Esteban va très bien, je te remercie. Il est transi d'amour. Il veut qu'on emménage ensemble... j'ai dit non, évidemment.

─ Sacrée Nana... t'es sûre ? fis-je en posant mon livre sur mes genoux.

─ Bien sûr que je suis sûre, ma petite chérie. On est heureux comme ça, alors pourquoi changer la donne ?

─ Je sais pas, tu le verrais tous les jours, ton mec, c'est sympa...

─ Le voir tous les jours ! s'offusqua Nana, et je ris. Pour quoi faire ? Je suis à peu près sûre que la vie commune gâcherait tout - notamment, le mystère qui fait qu'on se plait bien. Je me moque pas mal de savoir quelle marque de papier toilette trône dans sa salle de bains ou à quelle heure il va se coucher. A mon âge, je n'ai pas le temps pour la routine, tu penses !

─ Je vois.

─ Et puis, je suis une femme active ! A tous les coups, il voudrait savoir où je vais et à quelle heure je rentre...

─ ... parce qu'Esteban t'adore et se fait du souci pour toi.

─ Oh, la barbe !

Je l'écoutais en souriant. Ses mots ne me surprenaient guère. Nana était tellement indépendante... Maman, d'un tempérament plus posé, avait pris tout ça à rebrousse-poil en grandissant et me rabâchait tout le contraire : pose-toi, sois sérieuse... etc.

─ Tu as prévu quelque chose, aujourd'hui ? m'enquis-je.

─ Absolument. Je dois faire les boutiques avec une amie, et sa voisine, une nouvelle qui arrive de...

Brusquement, la communication fut coupée.

Je rappelai.

─ Allo ? fit Nana, le ton impatient.

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant