Le Versant du Soleil (HB tome 3)

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L'amertume de la trahison me plombait l'estomac, asséchait ma bouche.

─ Fallait bien que quelqu'un le fasse, à un moment, non ? ajouta Soraya, sur la défensive.

─ Je vois, murmurai-je. Tu l'aimes beaucoup, Chloé, pas vrai ?

Elle croisa les bras sur sa poitrine.

─ Pourquoi tu me demandes ça ?

─ Comment t'as pu me faire ça ? soufflai-je, sifflée.

─ Et toi ? riposta Soraya, acerbe. Comment t'as pu coucher avec son mec ? T'es fière de toi ?

─ Mais qu'est-ce que tu me racontes ?!

─ J'avais froid, l'autre matin. Je voulais une couverture en rab dans le cagibi du premier. Je t'ai vue sortir de la chambre d'Alessio. T'as passé la nuit avec lui.

J'en restai coite, le cœur au bord des lèvres. Elle m'avait vue ?!

Tout à coup, comme si les vannes étaient ouvertes, Soraya m'inonda de paroles.

─ Ouais, au vu de la situation, je pense avoir bien fait de l'appeler, Chloé ! Je ne lui ai même pas dit que tu étais là, ça, c'était à Alessio de le faire. Je lui ai juste conseillé de rappliquer fissa parce que c'était mieux pour Alessio et elle. Il fallait bien qu'elle revienne s'occuper de lui. Vous êtes allés trop loin. J'étais sûre que ça arriverait... depuis le début, j'étais sûre. Vous êtes incapables de vous résister, Alessio et toi, alors même que ça n'a jamais tenu debout entre vous. A croire que vous n'avez aucun discernement, chais pas.

Je tremblais de tous mes membres.

─ Mais de quoi tu te mêles, putain ?? Ecoute-moi bien, Soraya. T'es pas ma mère. Ce que je fais en général, et ce que je fais ou non avec Alessio en particulier ne te regarde pas. Merde !

─ Bien sûr que ça me regarde ! Tu es chez moi. Je t'ai invitée moi-même à la Terrasse. Je t'avais dit que je ne voulais pas d'embrouilles. Combien de fois je t'ai avertie, au sujet d'Alessio ? Tu ne m'écoutes pas. Ce qu'il y a entre vous deux fait du mal à Chloé...

─ Chloé ?! Mais c'est qui, ton amie, éclaire-moi, là ? C'est moi, ou c'est elle ?

A cet instant précis, Soraya marqua une hésitation.

Mon cœur se vrilla dans ma poitrine.

Elle réfléchissait, bon Dieu.

Ainsi, j'avais ma réponse avant même qu'elle n'ouvre la bouche.

─ Ca ne peut pas être les deux ? demanda-t-elle avec douceur en observant mon visage.

─ Tu as fumé du crack, Soraya ? ricanai-je.

Les joues me brûlaient désagréablement et je sentais que les larmes n'étaient pas loin, mais je ne lui ferais pas ce plaisir.

─ Ecoute, je peux comprendre que tu n'aimes pas Chloé parce qu'elle est avec Alessio, mais elle ne m'a jamais rien fait, à moi. Au contraire. Elle est sympa, elle passe du temps avec moi. Toi, c'est à peine si tu m'appelles depuis que tu vis à Rio...

La voix de Soraya avait légèrement vacillé.

─ Ca ne veut pas dire que je ne pense pas à toi, Sora, grandis, dis-je sèchement.

─ Ben, si. Mais il s'agit pas de ça alors bref, passons.

Au contraire, j'avais l'impression que c'était tout à fait le fond du problème. Voilà pourquoi elle m'en voulait. Elle s'était sentie délaissée depuis que j'étais partie m'occuper de Guiomar, et peut-être l'avais-je délaissée ces deux dernières années, en effet. Elle enchaîna avant que je ne puisse réagir davantage.