Daniela
Durant tout le chemin jusqu'à la ville, aucun d'entre nous ne parla. J'essayais de canaliser la douleur, en gérant ma respiration ; quant à Alessio, il était concentré sur la conduite. Il roulait vite, profitant du fait que la route était peu fréquentée à cette heure tardive.
On arriva en quinze minutes à peine.
Aux urgences, il n'y avait presque personne. Une odeur aseptisée flottait dans l'air, typique des hôpitaux. Je fus très vite reçue par un interne, qui m'examina avec précaution.
─ Vous vous êtes déboîté l'épaule, annonça-t-il.
─ Ah, commentai-je d'un air sombre.
Je déglutis. Ca s'annonçait bien, dis donc...
─ Ne vous inquiétez pas, on va vous rabibocher, dit l'interne avec un sourire encourageant. Je vais vous donner un anti-douleur avant toute chose.
─ Ouais, s'il vous plait. Y'a intérêt. (Je me tournai vers Alessio). Tu peux partir. Je comprendrais que tu n'aies pas envie d'assister à la boucherie.
Il me considéra comme si j'avais perdu la tête. Je ressentis un profond soulagement. Je n'avais vraiment pas envie de me retrouver seule...
─ Prête ? demanda l'interne un peu plus tard.
Alessio me prit la main. Elle était chaude. Je la serrai dans la mienne, observant son visage. Il me fit un sourire d'encouragement.
─ Allez-y, faites votre boulot, dis-je à l'interne, la lèvre tremblante.
Au final, durant toute la procédure, je gardai la main d'Alessio dans la mienne, ce qui me permit de supporter les évènements. Pas une partie de plaisir, vous pouvez me croire, mais ça ne dura pas longtemps.
─ Bravo, Dani, tu as été très courageuse, me dit Alessio alors qu'on sortait de la pièce.
─ Merci d'être resté.
─ Mais non, pas de quoi.
─ Tu sens encore tes doigts ? fis-je avec humour, désignant sa main que j'avais broyée comme une malade.
Alessio leva les yeux au ciel.
Je m'excusai et fis un petit tour aux WC pour me rafraichir.
Je sursautai en croisant mon reflet dans le miroir des toilettes.
─ Ah quand même, dis-je à mon reflet.
J'étais pas mal, entre la boue qui maculait mes vêtements et mes cheveux, mes vilaines écorchures sur le visage - une sur le front, une sur la joue droite, une au menton - et mon attelle toute neuve. Mon genou gauche avait mauvaise mine et me lançait toujours. Les points de suture n'aidaient pas.
A une main, je fis mon possible pour me débarbouiller, mais c'était pas génial. En plus, entre temps, mes règles étaient arrivées – ha ! et je n'avais toujours pas de tampon. Je n'avais pas d'argent sur moi et plutôt mourir qu'aller quémander deux euros à Alessio pour acheter un mini paquet de tampons au distributeur automatique.
Aux grands maux les grands remèdes ! Je me fabriquai une serviette hygiénique de fortune avec du papier toilette.
En sortant des WC, tout à coup, j'eus un coup au moral. Je me sentais sale, minable et fatiguée.
Et moche, merde.
Je retrouvai Alessio à l'accueil. Il tapotait sur son téléphone, envoyant sans doute des SMS aux autres. Il se leva dès qu'il me vit et alla à ma rencontre, yeux bleu marine interrogateurs.
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Le Versant du Soleil (HB tome 3)
ChickLit" Je suis une contradiction. J'oscille entre deux mondes, deux possibles, deux parts de futur. Mon amour pour Chloé est comme la lune Mon amour pour Dani est comme le soleil Le soleil ardent poursuit la lune délicate, la Lune délicate fuit le soleil...