Le Versant du Soleil (HB tome 3)

18

Daniela

Tandis que je me perdais dans le bleu nuit de ses yeux, mon ventre se contracta tout seul ; j'eus du mal à avaler ma salive.

─ Bon, Alessio, Jules, vous allez faire la lessive, lança Soraya.

─ Je peux pas, Maman, dit aussitôt Jules. J'ai piscine.

Soraya parut mécontente.

─ Non mais je rêve là ou bien ? JULES, on se partage les tâches. La dernière fois, c'était moi et Magali, je te rappelle !

─ Je veux bien le faire, moi, intervins-je, sautant à bas du muret et m'éloignant d'Alessio. Ca tombe bien, j'ai des trucs à laver.

─ Ah, merci ! dit Alessio d'un ton exagérément reconnaissant. Trop la flemme de faire ça tout seul.

─ Ben voyons...

Je me dirigeai vers la maison sans l'attendre. Alessio me rattrapa en trois enjambées et posa familièrement le bras sur mes épaules.

Je laissai couler, non sans un soupir intérieur.

─ La lessive, hein ? Vivement que je me marie, que Chloé s'occupe de tout ça !

J'haussai très haut les sourcils.

─ Dis donc, Alessio, tu es imbuvable.

─ Roooh, je plaisante. En vérité, je pense que je suis plus doué qu'elle pour ces trucs, du coup, c'est moi qui m'en chargerai le plus souvent, à mon avis.

L'entendre parler de sa future vie avec elle réussit à me casser le moral, mais je gardai le sourire.

Un sourire de façade.

─ Elle ne fait rien chez elle ? demandai-je pour faire la conversation.

─ Si, quand même, mais tu sais... elle a des domestiques, rappela Alessio. Je pense qu'elle n'a pas l'habitude. Mais quand elle passe chez moi, elle m'aide. Elle veut bien faire. Et puis, tout le monde peut apprendre, non ?

─ J'imagine. Tu sors avec quelqu'un qui est assez aisé, c'est vrai.

─ « Assez » ? fit Alessio avec une grimace. « Très », tu veux dire. Ma mère n'arrête pas de glousser quand on aborde le sujet. Je crois que je réalise son grand rêve en épousant Clochette. Elle a toujours voulu que notre famille monte les sphères de la société, et là, c'est chose faite. Elle arrête pas de me dire que c'est très bien, que « Chloé Clément » ça sonne bien, etc, j'en peux plus.

Nous gagnâmes le cellier, derrière la cuisine, où se trouvaient la machine à laver et la machine à sécher. A genoux devant le hublot ouvert, je commençai à remplir le tambour, tandis qu'Alessio consultait son téléphone. Je l'entendis soupirer pour lui-même.

─ Quoi ? fis-je, curieuse.

─ Bof, rien. Patricia m'a envoyé un message...

Tiens donc. La groupie se manifestait.

─ Je n'aime pas son genre, décrétai-je.

─ Ah non ?

─ Non. Qu'est-ce qu'elle te veut ?

─ Je cite : « Salut, Alessio. Notre évier de cuisine fait des siennes. Tu peux passer jeter un coup d'œil ? »

Je ne pus m'empêcher de sourire. Elle croyait vraiment qu'il allait gober ça ?

─ Elle semble prête à tout pour que tu... vérifies sa tuyauterie, dis-je.

Alessio et moi échangeâmes un regard et nous esclaffâmes.