Le Versant du Soleil (HB tome 3)

25

Daniela

Les trois voisines étaient venues faire la préchauffe à la Terrasse, et tout le monde sirotait des bières autour de la piscine. Je regardais Patricia qui tournait autour d'Alessio. Lui me regardait moi.

─ On part dans une petite heure, tu ferais mieux de te préparer, non ? me glissa Magali.

─ Ouais, sans doute, répondis-je sans quitter Alessio des yeux.

J'étais encore en t-shirt cropped et jean. Je serais bien restée comme ça, d'ailleurs, mais comme j'allais prendre ma douche, autant enfiler un truc sympa derrière.

Je repensais au fait que j'avais catégoriquement refusé à Ajay de me payer notre dîner, mais que j'avais, encore une fois, laissé Alessio payer la note du notre.

Ca m'avait fait plaisir qu'il paie, comme avant. Même s'il était avec elle, même si j'étais avec lui.

Je terminai mon mojito framboise. J'en avais déjà bu trois. Avec un peu trop de rhum dedans. Délicieux. Non seulement ça m'avait coupé l'appétit, mais en plus, je sentais que j'étais quelque peu... éméchée.

Je me sentais bien bien bien.

Je montai à l'étage et mis l'eau chaude à couler dans la baignoire, avec une balle moussante bleue pleine de paillettes multicolores. Je jetai mes vêtements sur le tapis crème de la salle de bains, attrapai une pince papillon dans ma trousse de toilette et attachai mes cheveux en palmier. Je les avais lavés la veille, ils étaient tout beaux et je ne voulais pas les mouiller. Ils mettaient toujours mille ans à sécher.

J'entrai avec précaution dans la baignoire, et m'allongeai confortablement. Il y avait tant de mousse qu'on ne voyait pas le fond.

Je restai là Dieu sait combien de temps, à chantonner la musique qui sortait de mon téléphone. Tout à coup, la porte de la salle de bains s'ouvrit et Alessio entra. Sans me voir, il s'approcha des WC, releva la lunette. Je l'entendis abaisser sa braguette et faire pipi tranquillement, puis tirer la chasse. Je me retenais de rire. Il se lava tranquillement les mains.

─ Tiens, salut, lui dis-je.

Il fit volte-face, stupéfait, et se figea quand il me vit.

Je pouffai de rire.

─ T'étais là pendant tout ce temps !!

─ Et oui.

─ Pardon, je ne savais pas. Y'avait quelqu'un en bas, alors... je suis monté.

─ J'avais deviné que tu ne m'avais pas vue, me moquai-je, et je soufflai une bulle de savon dans sa direction. C'était très, très drôle.

─ Ouais, enfin, heu... tu prends un bain ?

─ Tu vois bien !

Il était tout rouge d'embarras, ce qui me fit rire.

─ Oui, bon, je veux dire, t'es censée aller à la fête de ton pote Ajay, non ?

─ Je vais y aller, oui. Pas toi ?

Il fit « non » de la tête.

─ Pas envie.

Il semblait très gêné. Je le trouvais craquant.

─ Ben assieds-toi, fis-je, désignant le rebord de la baignoire. Ne reste pas planté là !

Je vis sur son visage qu'il livrait un combat intérieur pour savoir s'il devait obéir ou non.

─ Roh, allez, Alessio, ce n'est rien que tu n'aies déjà vu, dis-je avec un clin d'œil.