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Daniela


Maman rentra du travail alors que Nikita et moi prenions un petit apéro dans la cuisine baignée de soleil, la sono braillant un air à la mode.

Un seul coup d'œil à ma robe portefeuille lui suffit pour que, sourcils froncés, elle m'intime de l'ôter. Elle sortit la table à repasser et le fer et entreprit de rafraîchir la robe tout en pestant après moi : « Vraiment, Daniela ? » « Une si jolie robe ! » « Encore que tu aurais pu acheter la bleue marine comme je te l'avais suggéré, ça va mieux avec ton teint de brune ».

J'embrassai ma mère sur la joue, affectueuse.

─ Elle n'est même pas froissée !

─ Elle n'est pas nette non plus.

─ Vous ne plaisantez pas, Mme Soares, gloussa Niki.

─ Non, Niki, en effet.

J'étais là, debout dans l'entrée, en sous-robe et talons hauts, sous l'œil moqueur de Nikita, lorsque mon téléphone sonna sur la table, de l'autre côté de la pièce.

─ Tiens ! fit Niki.

Avec adresse, elle me le lança. Je l'attrapai et examinai l'écran.

Le numéro qui s'affichait me sembla quelque peu familier. Un numéro français.

─ Oui, allo ? fis-je, observant Nikita qui ouvrait un jeu sur son téléphone.

─ Allo, Dani ?

Encore une fois, je reconnus la voix de Chloé. Rien pour me réjouir particulièrement, mais bon.

─ Salut, Chloé... que me vaut le plaisir ?

─ A... Alessio est avec toi?

─ Alessio ? répétai-je, décontenancée. Non, il n'est pas là. Je suis à Rio, au fait, si tu ne savais pas.

─ Dis-moi la vérité, m'intima-t-elle, le ton nerveux, tremblant. Il est parti te retrouver ? Tu es sa maîtresse, c'est ça !

─ Mais enfin de quoi tu parles ? Je n'ai pas revu Alessio depuis le mois d'août. Qu'est-ce qui se passe ?

Une angoisse sourde me tordait le ventre. Etait-il arrivé quelque chose à Alessio ?

─ Il... il m'a quittée, il... il a disparu, je... j'ignore où il se trouve et...

Wow.

─ Attends une seconde, dis-je à Chloé.

Je m'isolai dans la pièce voisine, laissant Maman à son repassage impromptu et Niki à son jeu.

─ Explique-moi tout depuis le début, tu veux ?

─ Alessio m'a quittée.

Ca, j'avais compris. Alors que j'avais rêvé plusieurs fois dans le passé d'entendre quelque chose dans ce sens, aujourd'hui, finalement, je me sentais seulement embêtée pour elle.

─ Quand ?

─ C'était avant-hier, balbutia Chloé, les mots se précipitant dans sa bouche. On... on a emménagé dans notre appartement au retour de la Terrasse, et on préparait la crémaillère, et... je ne sais pas, il m'a quittée chez le fleuriste, alors qu'on choisissait une composition pour la fête.

─ Eh bien, murmurai-je.

─ Ca te réjouit, ce que je raconte ? me jeta Chloé, le ton cassant.

─ Bien sûr que non. Qu'est-ce que tu crois ?

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant