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Daniela


Le battement régulier de la pluie sur les vitres se déversait dans la chambre. Livai dormait dans son boxer short. Adossée au montant du lit, je traînais sur un forum d'algèbre, mon vieil ordinateur portable ouvert sur mes genoux. Je souris en observant mes pieds, croisés l'un sur l'autre. J'avais enfilé de grosses chaussettes de lainage beige tout à l'heure, après m'être douchée, parce que je détestais avoir froid aux pieds. Livai s'était moqué de moi, comme d'habitude lorsqu'il me voyait les sortir, arguant que c'était « so sexy » d'un ton narquois.

Tant pis. Moi, j'aimais bien.

2 heures 47.

La chambre d'à côté était très silencieuse.

Alessio n'était pas encore rentré.

Ce n'était certainement pas mes affaires, mais je m'inquiétais. Qu'est-ce qu'il fabriquait ? Où était-il allé toute la journée ? Je n'arrêtais pas à m'enlever de la tête la façon dont il m'avait regardée au petit déjeuner. Ses yeux étaient résolument abattus.

Ca ne me plaisait pas... voilà.

Je repensai à la pool party, à ce moment où on avait dansé tous les deux, et sentis mes joues se réchauffer pour la deuxième fois de la soirée. N'en déplaise à Soraya que ça ne concernait absolument pas, j'aimais danser avec Alessio. Beaucoup. Je devinais toujours ses pas. Bien sûr, il était avec une autre aujourd'hui, mais je me sentais si bien dans ses bras, lovée contre lui à inspirer son odeur si familière. C'était comme si...

Je chassai ma pensée non formulée non sans une certaine nostalgie.

Mon regard tomba sur Livai, qui respirait avec régularité. Je me penchai sur lui et l'embrassai sur la joue.

Au moment précis où j'allais craquer et envoyer un message inquisiteur à Alessio, j'entendis le vrombissement d'une moto en provenance de la rue.

Ni une ni deux, je me drapai dans mon peignoir en coton bleu marine et descendis les escaliers quatre à quatre. J'arrivai en bas pile au moment où la porte d'entrée s'ouvrait sur Alessio.

Je me figeai sur la dernière marche tandis que nos regards se vrillaient l'un à l'autre. Il y eut un moment de flottement.

─ Oh non... ! fis-je, avisant le bleu sur sa pommette droite et la traînée de sang brun qui avait séché sous son nez. Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Je fondis sur lui, pris son menton dans ma main et tournai d'autorité son visage de droite et de gauche.

─ Ca va ? pépiai-je, inquiète.

─ Ouais, ça va, grommela Alessio, et il referma la porte derrière lui. Pourquoi tu ne dors pas ?

─ Où étais-tu ? rétorquai-je du tac-o-tac.

Je mis les poings sur les hanches, contrariée. Il me regarda fixement, avant de détourner les yeux.

─ En ville.

─ Pourquoi tu rentres dans cet état ? Tu t'es battu ?! Avec qui ?

─ Des gens. (Il posa un doigt sur mes lèvres, voyant que je m'apprêtais à protester). Ce n'était qu'une petite rixe amicale.

─ Amicale ??

J'étais indignée.

─ Je veux dire que personne ne m'a agressé, donc, pas la peine d'en faire une montagne.

─ Ben, si...

─ Ben, non. Ne t'en fais pas.

Alessio s'assit contre le bras du canapé. Sa lèvre tuméfiée était tout enflée.

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant