27

247 49 37
                                    

Daniela


Cette après-midi là, on partit à pied et on marcha beaucoup, dépassant le fort qu'on avait visité avec Antoine et Magali, une éternité auparavant, me semblait-il.

Arrivés sur le site où nous allions passer la nuit, une clairière dégagée piquée de quelques grands arbres, chacun se dispersa. Soraya et moi entreprîmes de monter le campement.

─ Paul, tu nous aides ? jetai-je, un poing sur la hanche.

─ Plus tard, bébé, plus tard, répliqua-t-il en sortant une cigarette. Une pause s'impose, là. Hahaha. Le jeu de mots, t'as remarqué ? Non ? Dommage.

Soraya poussa un soupir agacé.

─ Ah, les mecs, je te jure, tous des incapables.

─ Ne généralisons pas, dis-je avec indulgence.

─ Livai t'aide, t'as de la chance...

─ On verra bien si ça dure quand on aura emménagé ensemble, rétorquai-je, plaisantant à moitié.

Tout en sortant les assiettes en carton et les victuailles des sacs, je regardais Alessio qui se moquait de lui-même, essayant en vain d'allumer un feu, une boucle de cheveux châtains sur le front. Il portait un t-shirt marinière et un pantalon cargo couleur de brique. Le tout tombait parfaitement sur lui. Comme je l'ai déjà dit, il était beau, élancé ; un physique de jeune premier. Malheureusement, ou heureusement, c'était ça qui avait attiré mon attention, à l'époque.

Puis je m'étais enfuie à cause du reste : sa douceur et sa gentillesse.

Il avait l'air plus tranquille et souriant dernièrement. J'aimais Alessio quand il était comme ça, mais je ne risquais pas d'en profiter. Je lui en voulais, alors que j'aurais dû me concentrer sur mon copain et me moquer de son opinion.

Cette mascarade de vacances avait suffisamment duré. Lisa avait raison, comme d'habitude : j'aurais mieux fait de ne pas rester à la Terrasse. Heureusement, on partait sous peu, avec Liv.

─ Putain, ce que t'es nul, Clément ! s'exclama Jules, goguenard face aux vains efforts d'Alessio.

─ Aide-moi au lieu de te marrer, espèce d'enfoiré !

─ Hé là ! Qui tu traites d'enfoiré, enfoiré ?

Jules bouscula Alessio qui laissa tomber son attirail pour lui sauter dessus. Ils roulèrent sur le sol, riant et s'injuriant. On aurait dit de jeunes chiots s'ébattant dans l'herbe. Soraya leva les yeux au ciel en grommelant.

─ Putain ce qu'ils sont immatures ! De vrais mômes !

Quant à Paul, il ne se foulait pas trop pour les aider non plus, étendu sur le côté, cigarette au bec, une bouteille de coca à la main, l'autre glissée sous la nuque.

─ Alors, comment ça va ? me demanda Soraya.

Je lui souris.

─ Ca va.

Elle commença à envelopper des pommes de terre dans du papier aluminium.

─ C'était bien, avec Livai, votre soirée ?

Mon regard vola vers Livai qui discutait avec Antoine et Yoann, un peu plus loin.

─ Oui, super, et toi ? T'as fait quoi ?

─ Rien du tout. On a glandé avec Jules. Il a ce côté pépère, des fois... et moi je sais pas si je prends de l'âge ou chais pas quoi mais parfois, j'ai la flemme de sortir.

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant