Le Versant du Soleil (HB tome 3)

15

Daniela

J'ai dansé avec Alessio.
C'était incroyable.

Comme avant.

Non, encore mieux, en fait...

**

Le feu crépitait joyeusement, éclairant le lac d'une douce lueur orangée. Des étincelles voletaient vers le ciel nocturne. La sono braillait et, à côté, des personnes de déhanchaient, un gobelet à la main.

Les voisines de la dernière fois étaient présentes et discutaient avec les garçons. Patricia, notamment, faisait les yeux doux à Alessio. De ce que j'en voyais d'ici, il lui répondait poliment, ce qui ne semblait pas décourager ses assiduités. Je la trouvais vraiment casse-pieds. Un peu plus tôt, Camille nous avait parlé d'une sortie entre filles samedi soir, et on avait accepté d'y aller. J'aimais bien Camille, elle était simple. Mais Patricia... bof.

Etait-ce parce qu'elle dragouillait Alessio ?

Qu'est-ce que ça pouvait bien me faire ? C'était plus mon mec.

M'efforçant de regarder ailleurs, je croisai le regard de Yoann, qui me décocha un sourire séducteur.

Je secouai la tête d'un air faussement réprobateur, et il haussa les épaules, l'air de dire « Je peux pas m'empêcher de te mater ».

─ T'as vraiment un ticket avec Yoann, commenta Magali, amusée par le spectacle.

─ Dani a toujours un ticket avec quelqu'un, renchérit Soraya. C'est lourd. J'aimerais pas être à ta place, Dani.

─ Mais non..., fis-je, mal à l'aise. Les mecs qui aiment les filles avec de belles formes n'en ont rien à faire de moi. En plus, ça m'est égal, ce qui m'importe, c'est qu'un seul craque pour moi.

─ Qui ? demanda Magali.

A ma grande surprise, l'image des yeux bleus d'Alessio traversa fugitivement mon esprit.

─ Livai, répondis-je fermement, déstabilisée par mes propres pensées.

Bien sûr, Livai, qui d'autre ?! Il me manquait.

─ J'adorerais avoir plus de formes, d'ailleurs, poursuivis-je. Comme toi, Magali.

Elle parut incrédule.

─ T'es en train de me dire que t'aimes mes rondeurs et que t'as des complexes ? Toi ?

─ Bah, bien sûr. Qui n'en a pas ? Regarde, j'ai presque pas de poitrine, pas de fesses, je suis minuscule... mais je m'en fous, au fond. Personne n'est parfait. L'essentiel, lui dis-je en tapotant affectueusement sa cuisse, c'est de porter ce que t'aimes quand même. De préférence à ta taille. Et tu verras, tu te trouveras attirante. Mais surtout, faut que tu prennes confiance en toi, Mag. Ca ne sert à rien, sinon. T'es super mignonne... t'as un beau visage, de beaux cheveux... et t'es pulpeuse pile comme il faut. Ni trop, ni trop peu. J'adorerais avoir un joli décolleté comme le tien.

─ Quel décolleté ? commenta Soraya. Elle le montre jamais. Mais elle a raison, hein, Mag... Moi, je pèse rien non plus et on veut toujours m'engraisser, c'est chiant. « A quoi tu vas ressembler, à ton mariage, si tu es maigre comme un clou ? Est-ce que les hommes voudront t'épouser, déjà ? »

─ Tu imites qui, là, au juste ?

─ Ma mère.

Nous éclatâmes de rire.

─ Ah, les mères, commentai-je. La mienne aussi n'attend que ça.

─ Oui, ben, pas moi, vous pouvez me croire, dit Soraya en mâchonnant un marshmallow grillé. J'ai pas du tout envie de me marier, perso.