Alessio
De tous les coups de crasse que Dani m'avait faits en quinze ans, celui-ci était le pire.
Oh oui.
Jamais je ne lui en avais autant voulu, pas même lorsqu'elle m'avait menti avant de quitter la France pour Rio. Pas même la fois, terrible, où elle avait allumé ce Brésilien sous mes yeux, en boîte, à Tokyo, et que j'avais été à ramasser à la petite cuiller par mon ami Tash, parce que je n'étais qu'un minable, un con lamentable à sa botte.
J'étais tellement en colère que j'eus peur, le lendemain de cette scène sordide dans la salle de bains, de ce que je pourrais lui dire. De ce que je pourrais lui faire. C'était comme si elle avait mis le feu au brasier qui couvait. Je rêvais de m'enfouir en elle et de m'y perdre. Il fallait que je m'éloigne, au moins pour la journée.
Très tôt, je pris la moto et partis, sans but précis. Je roulai longtemps, et finis par m'arrêter sur un petit chemin de campagne. Je m'assis à l'ombre d'un arbre, fixai les nuages qui roulaient dans le ciel, et me forçai à regarder les choses en face.
Se sentir bien et de plus en plus mal...
C'était une obsession, une dualité comme le jeu de la lumière et de l'obscurité.
L'obscurité, surtout. C'était étrange.
Etrange car je lui en voulais tant, et pourtant.
Pourtant dès que je l'avais vue, j'étais mort.
Mort, foudroyé par sa beauté.
Sa beauté et son sourire.
Son sourire qui me désarmait complètement.
J'étais terrifié.
Le versant du soleil m'avait montré son versant.
Un endroit que je n'aurais jamais, au grand jamais, dû voir.
On en ressortait pas entier.
Je n'étais plus entier.
Le soleil avait grignoté ma part de lumière et l'ombre gagnait du terrain.
Elle m'avait embrassé, et moi... je lui avais rendu son baiser. Vraiment rendu.
Passionnément, ardemment.
Ca m'achevait.
J'aurais dû la repousser immédiatement. Mais j'en avais été incapable. Comment aurais-je pu ? J'avais eu envie de ce baiser depuis des jours et des jours...
Et je me détestais pour ça. J'en avais la gerbe.
Je regardai mon téléphone. J'avais envie d'entendre Clochette, mais, en même temps, je n'en avais pas la force.
Je fantasmais sur Dani. En quelque sorte. Mon corps réagissait quand elle était près de moi. J'étais loin d'être indifférent. Je n'en étais pas fier. Chloé ne méritait pas ça. Ces derniers temps, je pensais autant à Dani qu'à elle...
Plus ?
Je voulais échapper à ma propre culpabilité.
La culpabilité me rongeait comme un acide, lentement mais sûrement.
Ca avait commencé bien avant cette affaire dans la salle de bains. Ca avait commencé au moment où j'avais proposé à Dani de l'emmener à la Terrasse, au lieu de la laisser monter en voiture avec Yoann.
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Le Versant du Soleil (HB tome 3)
ChickLit" Je suis une contradiction. J'oscille entre deux mondes, deux possibles, deux parts de futur. Mon amour pour Chloé est comme la lune Mon amour pour Dani est comme le soleil Le soleil ardent poursuit la lune délicate, la Lune délicate fuit le soleil...