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Daniela


La première chose que je fis en me réveillant est d'appeler au Brésil.

Maman répondit presque immédiatement.

─ Tout va bien, Dani. Les médecins vont essayer un traitement, cette après-midi. Ca devrait aider Nana. Je te tiens au courant.

─ Je croise les doigts. Reste avec elle, hein ? Dis-lui que je pense à elle...

─ Ne t'inquiète pas, ma chérie. Et toi, comment vas-tu ?

─ Ca va, Maman.

J'étais inquiète pour Nana, mais je refusais de sombrer dans la négativité.

─ Tu tiens le coup ? demandai-je doucement à ma mère.

─ Mais oui.

─ Je serai bientôt à Rio. Juste quelques jours, Maman. Je fais un saut à Paris et j'arrive.

─ Je sais. On t'attend. Pour le moment, profite bien de tes derniers jours de vacances. Tu as besoin de t'amuser.

Elle avait raison, mais je n'avais plus trop la tête à ça. Entre la rupture avec Livai, la maladie de Nana et l'arrivée inopinée de Chloé... j'étais vernie, quoi.

Je dis au revoir à ma mère et raccrochai, fixant le mur.

Alessio et Chloé habitaient la chambre voisine de la mienne.

Ils étaient très calmes – je n'entendais rien, ni rires, ni discussion, ni, grâce à Dieu, gémissement de plaisir – mais malgré tout, je ressentais la présence de Chloé à la Terrasse et j'étais mal à l'aise.

Sa place y était plus légitime que la mienne, je dirais. C'était mon groupe d'amis mais je vivais au Brésil ; et elle, elle était là avec eux, constamment, depuis deux ans, en tant que compagne d'Alessio.

Cependant, j'allais terminer mes vacances comme je l'avais décidé au préalable. Je n'allais pas partir et donner l'impression de fuir devant Chloé. Alessio et moi avions mis les choses au clair la veille, avant son arrivée. Sa présence ne changeait rien à ce qu'on s'était dit : chacun garderait ses distances, c'est tout.

Je pouvais gérer. Je crois. De toute façon, j'avais bien d'autres préoccupations.

La cuisine était vide. Je me fis un petit café tout en observant le jardin par la fenêtre. Paul et Antoine étaient à la piscine. Soraya bronzait sur un transat, en lisant un magazine. Elle papotait avec Chloé. Cette vision m'agaça. Etais-je jalouse ? Un peu, je crois. Je repérai Alessio qui, assis sur le transat voisin, jouait aux cartes avec Jules.

Comme il était déjà presque 11 heures, je décidai de lancer la préparation du déjeuner, pour m'occuper la tête et les mains. Une autre astuce de mon psy : s'occuper, plutôt que ruminer. Ca fonctionnait assez bien. J'aimais vraiment cuisiner.

J'étais en plein préparatifs quand une voix lança :

─ Qu'est-ce que tu fais, Danette ?

Je sursautai et me cognai la tête contre le placard.

─ Aoutch !

─ Ca va ?!

─ Oui, oui, dis-je vivement à Alessio. Tu m'as fait peur, lançai-je, le cœur battant.

Je déglutis lorsque je croisai son regard bleu. Il me sourit.

─ Désolé, dit-il. Alors, tu mitonnes quoi ?

Je lui désignai le comptoir, avec la casserole, le basilic, les tomates coupées en morceaux, le gros bout de parmesan à gratter, et... les pâtes.

─ Un one pot pasta, répondis-je d'un ton très poli. Tu connais ?

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant