Le Versant du Soleil (HB tome 3)

9

Alessio

Dani me jeta un regard surpris. Je lâchai aussitôt sa mèche.

─ Je... bafouillai-je, j'aime bien tes cheveux quand ils sont longs.

Elle ne répondit pas, mais je vis un sourire attendri danser dans ses yeux.

─ Merci de m'avoir emmenée jusqu'ici, ça me fait plaisir.

─ De rien. C'est sympa d'avoir de la compagnie. Les autres ne veulent jamais m'accompagner, ils préfèrent dormir.

Il commençait à faire chaud.

Je retirai mon pull à capuche.

─ On vient tout le temps avec Jules et les autres, confiai-je à Dani. Quand on peut, on fait un feu de camp, et on regarde les étoiles. On les voit très bien d'ici, y'a pas de pollution lumineuse.

─ Vous vous baignez, aussi ?

─ Parfois. La mer est meilleure, quand même, et y'a des anguilles.

Je lui tournai le dos pour attraper la gourde. Ce fut mon erreur ; vive comme l'éclair, Dani me sauta dessus, tendit la main par-dessus mon épaule et me chipa mon portable.

─ Hé ! protestai-je, surpris. Rends-moi- ça !

Elle éclata de rire dans l'air cristallin du matin.

─ Toujours surveiller ses arrières, bizut, me dit-elle à l'oreille, et elle resserra les bras autour de mon cou.

Je bondis sur mes pieds et tournai sur moi-même pour lui faire lâcher prise, mais elle était bien accrochée ; elle avait enroulé ses jambes autour de ma taille. Un vrai koala. Elle était hilare et tenait mon téléphone au dessus de sa tête, pour m'empêcher de le récupérer.

─ Ca suffit, Dani, rends-le-moi.

Je me contorsionnai pour la ramener devant moi. Alors que j'essayais de lui faire lâcher prise, elle cala l'objet du délit dans son décolleté.

Je crus que les yeux allaient me sortir de la tête.

─ Viens le chercher, si tu peux, se moqua-t-elle en haussant un sourcil.

Nom de Dieu, elle me rendait la monnaie de ma pièce de tout à l'heure.

─ Dani, rugis-je. Je sais très bien ce qu'il y a là-dessous. Ce n'est rien que je n'ai déjà vu ! Si tu crois que je ne vais pas le récupérer...

Je sentais mes joues se réchauffer, juste d'évoquer notre intimité passée.

─ Ben vas-y, alors, se moqua-t-elle en agitant sa poitrine vers moi avec humour.

Mon portable semblait me narguer, bien au chaud entre ses seins, là, juste sous mon nez.

Je la lâchai comme si sa peau me brûlait et elle atterrit sur ses pieds.

─ Dani, dis-je calmement, le sang battant à mes temps. Rends-moi mon portable.

─ Non.

─ Dani !

─ Je veux juste décider de ce qu'on va écouter. Sans vouloir te vexer, j'ai toujours trouvé que tu avais des goûts discutables en matière de musique...

─ DANI. Je rigole pas.

Ca la fit rire encore plus fort, ce qui me fit rire aussi, non sans une pointe d'exaspération. Elle avait les yeux pétillants, la fossette au clair, l'air malicieux. Elle était tellement effrontée, j'avais assez envie de la renverser sur mes genoux et de lui coller une bonne fessée.