Alessio
C'était vendredi soir, et à l'étage, on entendait les filles rire, glousser et papoter bruyamment. Camille et Léa étaient venues se préparer chez nous, en vue d'une sortie en ville.
─ Ralala mais quelle foutue basse-cour, commenta Jules en augmentant le volume de la télé. Ca caquète, ça caquète !
─ Ce que tu peux être beauf, des fois, commenta Chloé en levant les yeux au ciel.
Sa tête reposait sur mon épaule, et ses jambes étaient à demi repliées en travers des miennes. J'avais le regard rivé à l'écran.
Les filles descendirent les escaliers.
Dani était la dernière. J'essayai de ne pas la regarder, j'essayai vraiment, mais je la regardai.
Je le regrettai instantanément.
Le rouge me monta aux joues, ma gorge se serra désagréablement. Couvre-toi, je t'en prie, avais-je en vie de lui jeter. Mets une veste. Ne sors pas comme ça. Ca me tue. Tout le monde va te regarder et se rincer l'œil.
Surtout ce... Côme, supposais-je, amer, hostile.
Je sentis Paul me donner un discret coup de coude entre les côtes et regardai vivement dans l'autre direction.
J'étais trop mal, partagé entre désir, colère et une jalousie noire, sombre comme mon âme.
Le pire était que la tenue de Dani n'était même pas la plus suggestive. Je trouvais que Camille avait fait fort, ce soir. Sa jupe rouge était très courte et tout aussi moulante. Léa elle-même portait un débardeur très échancré et un short riquiqui qui mettait l'accent sur ses jambes.
Dani portait une robe blanche à bretelles, terriblement simple, sans boutons ni fioriture d'aucune sorte ; elle n'était même pas moulante. Mais elle mais lui allait parfaitement, et le tissu soyeux faisait ressortir le hâle brun doré de sa peau, tranchant avec l'espresso de ses cheveux. Et surtout, il ne faisait pas de doute qu'elle était nue là-dessous. Nue ! La pensée court-circuitait mon cerveau. Des images fugitives du baiser qu'on avait échangé dans la salle de bains, ce soir-là, traversèrent mon esprit en fusion.
J'espérais vraiment qu'elle avait un sous-vêtement quelconque là dessous. Comme si ça suffisait à me réconforter... comme si c'était mon problème !
─ Vous allez où, déjà... ? demandai-je d'une voix que je ne reconnus même pas.
─ Oh, faire la fermeture de ce nouveau bar, dit Léa.
Je blêmis.
─ Ce sera blindé, alors.
Blindé de célibataires à l'affût, bordel de merde.
─ Yup, confirma Camille. En plus, j'ai invité tous mes potes, et les potes de leurs potes. Plus on est de fous, plus on rit.
Quel adage à la con. Qui avait inventé ça ?
Soraya arriva du jardin, ses talons cliquetant sur le sol carrelé.
─ On n'a plus de guacamole pour la fête de demain, et il manque aussi de la vodka. Qui va au magasin ?... Jules ?
─ Ouais, à la fin de l'épisode, bébé..., grommela Jules, yeux rivés à l'écran.
─ Je te suis, décréta Paul. J'ai besoin de cigarettes.
─ Vous êtes sûrs que vous ne voulez pas venir, vous deux ? demanda Soraya à Chloé et à moi, glissant un tube de rouge à lèvres dans son minuscule sac à main - une pochette, je crois.
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Le Versant du Soleil (HB tome 3)
ChickLit" Je suis une contradiction. J'oscille entre deux mondes, deux possibles, deux parts de futur. Mon amour pour Chloé est comme la lune Mon amour pour Dani est comme le soleil Le soleil ardent poursuit la lune délicate, la Lune délicate fuit le soleil...