42

231 48 5
                                    


Daniela


Ce soir-là, on avait prévu d'aller au cinéma.

Je pris ma douche, me coiffai soigneusement et me maquillai un peu plus que d'habitude, m'offrant un regard charbonneux résolument sexy. Je voulais mettre le paquet, peut-être parce que rien ne semblait plus aller dans ma vie. Je ne voulais pas perdre le moral. Je méritais de prendre soin de moi.

Sur ma jupe, j'enfilai un haut très décolleté, tellement décolleté qu'il valait mieux le porter à même la peau sans soutien-gorge dessous, mais je pouvais me le permettre. Je ne l'avais jamais mis de tout l'été. Là-dessus, des talons aiguilles si fins qu'ils auraient pu faire office de coupe-papier. Je me parfumai aux endroits stratégiques, inspectai une dernière fois mon reflet dans le miroir et descendis retrouver les autres.

La première chose que je vis, dans l'entrée, c'est la dernière que je souhaitais voir : Alessio et Chloé.

Alessio était adossé à la porte d'entrée grande ouverte et embrassait Chloé droit sur la bouche. Elle gloussait et souriait, bras noués autour de sa taille. Il posa le bras sur ses épaules pour la rapprocher de lui et l'embrasser plus langoureusement.

Eh bien ! Visiblement, tout allait bien dans le meilleur des mondes.

─ Bon, les amoureux, poussez-vous, qu'on puisse passeeeer ! s'écria Paul, sa veste en cuir à la main.

─ Désolée, fit Chloé avec un sourire radieux.

Elle semblait si heureuse, si épanouie. Je l'enviais. Je n'allais pas me lamenter sur mon sort, cependant ; pleurnicher ne changerait rien. Livai resterait une erreur de jugement ; Nana resterait alitée, etc.

Et Alessio épouserait Chloé quoi qu'il en soit.

─ On y va, Dani ? me lança Antoine.

─ Oui, lui dis-je avec un sourire.

Je pris mon sac à main sur le meuble de l'entrée et sortis à la suite des autres.

Jules recula la voiture dans la cour illuminée par les spots extérieurs.

─ Bon, alors, on se répartit comment... ? Alessio, tu prends ta moto ?

─ Ouais, si ça vous arrange. Chloé, tu viens ? demanda-t-il en lui donnant un petit coup de coude joueur.

Je vis à cinq mètres qu'il était ironique et la taquinait.

─ Monter sur cet engin de la mort ? fit Chloé, le nez plissé comme devant un truc dégoutant. Non, merci, et je pense que tu devrais t'abstenir, toi aussi.

Elle n'aimait vraiment pas qu'il ait une moto. Alessio avait raison.

─ Ca fait longtemps que je l'ai pas sortie, à vrai dire, ma puce, dit-il. Tu veux vraiment pas venir... ?

─ Tu sais très bien que non. Arrête de m'embêter !

─ Bon, dit Alessio, l'air innocent, mais il lui sourit affectueusement.

─ Du coup qui vient avec moi ? demanda Antoine, les clefs de sa voiture à la main.

─ Moi, dit aussitôt Chloé, l'air soulagé d'échapper à la moto.

─ OK. Qui d'autre ?

Je n'avais aucune envie de monter avec Chloé, alors je me tus.

─ Jules et moi avec Antoine et Chloé, dit Soraya.

─ Attendez, intervint Paul, sourcils froncés. Si Alessio prend la moto, quelqu'un peut aller avec lui, et comme ça, on ne prend qu'une voiture au lieu de sortir les deux.

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant