Alessio
Lorsque je retirai enfin mon casque, la maison était complètement silencieuse. Je me couchai. J'étais épuisé par mes propres pensées et, contre toute attente, m'endormis en un rien de temps. Je sombrai dans un sommeil agité, peu réparateur.Le matin venu, je vérifiai mes messages sur mon portable. Chloé m'avait écrit pour me souhaiter une bonne journée. Je lui répondis. Tomas, le père de Dani – quelle ironie ! – m'avait écrit pour demander des nouvelles. Mathilde me demandait comment j'allais et précisait qu'elle s'éclatait aux Antilles avec Bruno (son mari). Je décidai d'aller courir. Ca ne me ferait pas de mal de me dépenser un peu.
Lorsque je revins, tout le monde était dans la cuisine. La première chose que je vis, c'est le bras de Livai autour de la taille menue de Dani. Je regardai ailleurs, attrapai la bouteille de jus d'orange et m'en versai un fond de verre.
Dani posa une assiette de pain-perdu devant moi et me fit un clin d'œil.
Ca me réconforta un tout petit peu. Je lui souris, je crois. Livai choisit ce moment pour s'approcher d'elle, glisser la main dans ses cheveux et lui dire un truc à l'oreille. Le sang me monta à la tête. Nom de Dieu il pouvait pas la lâcher, un peu ?!
« Reste calme » m'ordonnai-je à moi-même. « Tu peux le faire, tu peux le faire, tu peux le faire ! »
Toute la matinée, je restai à bonne distance d'eux, comme s'ils étaient malades et contagieux. Livai et Dani discutaient dehors, la tête penchée l'un vers l'autre, assis sur les transats devant la piscine. Je crois que Dani l'aidait à composer les paroles d'une nouvelle chanson, quelque chose comme ça ; je pouvais les voir à travers la baie vitrée. Entre deux accords de guitare, ils se bécotaient ; plus précisément, Dani couvrait Livai de tendres baisers. Elle était très tactile avec lui, j'en étais malade. Assise derrière lui, elle avait glissé les bras autour de son cou et lui parlait tandis qu'il écrivait Dieu sait quoi dans un carnet relié de cuir. Les entendre rire ensemble me coupait la respiration. J'avais un poids dans le ventre, un mal fou à me concentrer sur la partie de Fifa qu'on jouait dans le salon avec les mecs.
Mes mains tremblaient un peu trop, sans doute.
─ Ca va, Alessio ? me demanda Paul, l'air inquiet.
─ Pourquoi ?
─ Je sais pas, je te trouve pâlot, mec. T'as pas l'air bien.
Je ne répondis pas. Il n'y avait rien à dire.
─ Bon, je vais commencer à préparer le déjeuner, dit Dani en entrant dans le salon, un peu plus tard.
─ OK, merci, Dani, dit Antoine sans décoller les yeux de l'écran.
Livai, qui était sur ses talons, avait entendu. Il ouvrit de grands yeux et fit doucement pivoter Dani vers lui.
─ What ? fit-il en attrapant son menton dans sa main. Comment ça, tu vas préparer le déjeuner, baby ?
─ C'est Dani qui cuisine, en général, expliqua Yoann avec un grand sourire.
Je lui jetai un regard noir. Alors lui. Il avait bavé sur Dani depuis l'instant où on était arrivé à Castel, et maintenant que Livai était là, il bavait sur lui aussi ?
─ Qu'est-ce que j'entends là ? s'écria Livai comiquement. Vous exploitez ma chérie ? Ben dites donc, moi qui pensais que les copains français de Dani étaient cool... !
Tout le salon éclata de rire, sauf moi.
─ Je vous confie la prunelle de mes beaux yeux et vous la transformez en Cinderella... come on !
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Le Versant du Soleil (HB tome 3)
ChickLit" Je suis une contradiction. J'oscille entre deux mondes, deux possibles, deux parts de futur. Mon amour pour Chloé est comme la lune Mon amour pour Dani est comme le soleil Le soleil ardent poursuit la lune délicate, la Lune délicate fuit le soleil...