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Alessio


J'avais à peine fermé l'œil de la nuit. J'avais peut-être dormi trois heures, c'est tout.

Vers cinq heures du matin, je renonçai au sommeil. J'allumai l'ordinateur, branchai la tablette graphique et continuai mon dessin de la Terrasse.

Je pensais l'offrir à Chloé. Faire amende honorable ? Non. Lui offrir, c'est tout. Un simple cadeau.

Je l'appelai vers 9 heures, comme promis. Elle décrocha tout de suite, la voix tout ensommeillée.

─ Allo ?

─ Coucou, toi... tu viens de te lever ?

─ Ouiiii... je le reconnais.

Sa petite voix me fit sourire.

─ Hé ! Que ca ne devienne pas une habitude, hein ! la taquinai-je.

─ Oh, dis donc... j'ai bien mérité une grasse matinée ! J'arrête pas depuis qu'on est à Milan.

─ Bien sûr que tu l'as méritée, ma puce.

─ Ca me fait trop plaisir de t'entendre, Alex, chéri.

Eh bien, moi aussi.

─ Pareil. Excuse-moi pour hier soir... je n'avais pas vu tes messages...

... « parce que je l'ai embrassée elle et que je m'en suis pris à mon pote par rapport à elle ».

─ Mais non, ce n'est rien, dit Chloé. Ca va ?

─ Oui, oui.

J'avais connu mieux, mais bon. J'allais me ressaisir. Chloé ne méritait pas que je perde les pédales de cette manière, j'avais eu assez de la nuit pour en avoir la certitude.

─ Si je me souviens bien de la date, c'est une journée chargée, aujourd'hui, hum ? fit Chloé avec malice.

─ Effectivement...

─ Profites-en bien, chéri ! Moi aussi, je vais faire pas mal de choses. Bérangère et Léopoldine sont arrivées hier soir.

─ Super, tu leur diras bonjour. Je te rappelle ce soir. Amuse-toi bien. Bisous partout.

─ Bisous !

Dans la salle de bains, je m'observai dans le miroir. Ma barbe de dix jours me donnait assurément l'air d'un junkie en manque de poudre. Je dégainai le rasoir et la mousse à raser. Ca suffisait, le laisser-aller pour cause de déprime.

J'étais vraiment déprimé dernièrement. J'avais fini par comprendre ça, en comptant les moutons, cette nuit.

Ce n'était pas ma faute si Dani était à la Terrasse, mais je devais faire plus attention à ce que je faisais en sa présence, aussi difficile que cela fut. J'étais responsable de mes actes. Tant mieux, quelque part : je pouvais choisir quoi faire, au lieu de subir ce maelstrom d'émotions qui me tourmentait dès qu'on était dans la même pièce.

Je pris une douche, enfilai un t-shirt et un jean. Les cheveux encore humides, je descendis retrouver les mecs dans la cuisine. Tous m'acclamèrent à grand renforts de cris enthousiastes et de sifflets joyeux. Même Yoann, ce qui allégea mon humeur.

─ Et voilà l'homme du jour, lança-t-il, souriant.

─ Hip hip hip ! Mon pauvre vieux, t'es foutu, se moqua Jules.

─ Prêt pour les stripteaseuses... ? me taquina Paul.

─ Pas de stripteaseuse, bougonnai-je en tapant dans leurs mains levées à tous. Je vous l'avais dit, déjà. On s'était mis d'accord, non ? Vous êtes censés respecter mes envies à moi, pas les vôtres !

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant