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Alessio


Personne ne fit de commentaire en nous voyant quitter la Terrasse, mais je savais que ça viendrait au retour. Je n'avais pas envie d'y penser. Je n'avais qu'un objectif : faire rire Dani. Qu'elle se sente mieux.

Le soleil était revenu. On alla se baigner. Il y avait du monde à la plage, mais comme nous n'étions que tous les deux, ce n'était pas gênant. On s'éclaboussa copieusement, avant de flemmarder une heure sur nos serviettes, sans rien dire. Chacun lisait de son côté et c'était parfait comme ça.

─ J'ai faim, finit par déclarer Dani, fermant son livre.

─ Tu as toujours faim.

Elle me tira par la main pour me forcer à me relever.

On déjeuna devant l'un des petits stands bordant la plage, rien de très élaboré : des club sandwiches et des chips qu'on se fit goûter.

─ T'as de la mayo ici, dit Dani tendrement, et elle essuya le coin de ma bouche. Tu peux pas manger proprement ? T'es vraiment un bébé.

─ Et toi, tu es beaucoup trop autoritaire, ma vieille, répliquai-je en lui pinçant la cuisse.

Elle gloussa, les yeux pétillants.

Mon téléphone se mit à sonner. Je le sortis de ma poche. C'était Chloé. Je ne répondis pas. Comment aurais-je pu ? Je n'avais pas envie de lui mentir. De lui dire que j'étais à la maison avec les mecs alors que j'étais à la plage avec Dani.

Je n'étais pas un menteur.

Seulement un salopard. Comme l'autre, mon double maléfique. Liv.

Je rappellerais ma fiancée plus tard.

─ Je peux avoir un Banana Split... ? demanda Dani en me souriant.

─ Nan.

─ T'es pas cool, commenta-t-elle en faisant la moue.

─ Ouais, ouais.

Elle me donna une tape dans le bras et je ne pus m'empêcher de sourire.

***

En début de soirée, je l'emmenai dans ce bar que j'aimais bien, le Fortuna. Il y avait du monde, la musique était forte et plein de gens dansaient. La bière coulait à flots. On prit un verre à une petite table dans un coin, sans se quitter des yeux.

Un ou dix, allez savoir.

Dani caressa ma cheville sous la table, avec son pied.

─ J'ai envie de danser, dit-elle. Invite-moi.

Je lui tendis la main.

Je dansai avec elle, dansai avec elle, ravi de la voir me sourire et rire, plus ravi encore des coups d'œil envieux que me jetaient les autres mecs. Oui, elle est à moi, bande de nazes. Vous pouvez regarder, mais vous ne toucherez pas.

Parce qu'elle est ma femme, ma femme, ma femme.

Elle dansait en me regardant droit dans les yeux. Je l'attrapai par un passant de son jean et l'attirai à moi pour le plaisir simple de l'avoir près de moi. Elle me sourit, croisa les bras derrière ma nuque. Mes mains remontèrent sur sa taille fine. Je sentais la chaleur de son corps sous le tissu léger de son t-shirt.

Je la fis tourbillonner jusqu'à ce que la tête nous tourne à tous les deux. A moins que ce ne soit tous les verres qu'on avait bus. Il faisait très chaud dans le bar – trop de monde.

Après une autre danse collé-serré, Dani me tira par la main et nous nous retrouvâmes dans l'air légèrement plus frais du dehors. Elle me plaqua contre le mur du bar et je me laissai faire. Sa main dans mes boucles, mes lèvres sur les siennes. Sa langue autour de la mienne, sa salive si douce. Elle avait un goût de Coca. C'était si bon si bon si bon, comme retrouver un rêve perdu et avoir la possibilité d'en voir la fin. J'avais un peu le tournis – était-ce son parfum familier d'abricot, sa proximité, ses petits gémissements étouffés contre ma bouche, aucune idée, mais le monde n'était pas stable. Je me sentais ivre et je l'étais sans doute, puisque j'étais là à presser sa taille, ses hanches... je me gardais bien de toucher ses fesses, retenu par un reste de morale bien frivole, mais ce n'était pas l'envie qui manquait, l'envie de la déshabiller et de l'aimer, Dani, et tant pis pour les autres. Les mains de Dani parcouraient tout mon torse tandis que je dévorais son oreille et son cou de baisers affamés.

Le Versant du Soleil (HB tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant