Le Versant du Soleil (HB tome 3)

3

Daniela

Incrédule, j'observais Alessio qui se dirigeait vers le bar.

Son regard était rivé au mien.

Ces yeux bleus de Chine...

Eternidade.

Pour l'éternité.

Mon cœur cognait à deux cent à l'heure dans ma poitrine et malgré l'air climatisé, j'avais très chaud tout à coup. Je lui fis un gros sourire lorsqu'il s'arrêta près de nous. Il se pencha pour me faire la bise et, gênée, je lui rendis, collant un baiser maladroit sur sa joue.

C'était bien la première fois que ça nous arrivait. De nous faire la bise.

Son parfum frais et familier me submergea ; une émotion très forte monta dans ma poitrine.

─ Tu piques, lui chuchotai-je avec un petit rire plein de trémolos.

Alessio me fit un sourire bref.

─ Ca fait quelques jours que j'ai la flemme de me raser.

Entendre de nouveau les modulations de sa voix grave me fila rien de moins que la chair de poule. J'avais envie de lui sauter au cou. Envie qu'il me serre dans ses bras... très, très fort.

Nous nous regardions, tout gauches et gênés. Soraya semblait hyper surprise.

─ Ben t'es là toi ! lança-t-elle à Alessio alors qu'il lui faisait la bise à son tour.

─ Faut croire, ouais, répondit-il avec flegme. Qu'est-ce que tu fais ici ? ajouta-t-il directement à mon intention.

J'étais incapable de le quitter des yeux. Il était aussi attirant que quinze jours auparavant, lorsque je l'avais revu dans ce café ; plus bronzé. Ses épaisses boucles châtaignes tiraient davantage sur le blond, sûrement à cause du soleil de l'été. Son t-shirt bordeaux à manches longues moulait son torse juste comme il fallait, et son Levi's délavé lui donnait cet air décontracté, viril et plutôt irrésistible.

Il était trop beau pour son propre bien, à mon avis.

─ Moi ? Je bois un verre, m'entendis-je répondre de façon très cartésienne, distraite par le bleu marine de ses yeux.

─ Sans blague ? Je crois que je m'en étais rendu compte, commenta Alessio avec une pointe de malice, et mon cœur rata un battement lorsqu'il me fit un demi-sourire. Je veux dire, qu'est-ce que tu fais toujours ici ? En France. Tu ne devais pas... rentrer à Rio ?

─ Ah ! Non, j'ai eu un meeting qui n'était pas prévu, du coup, j'ai changé mes billets. J'en ai un autre début août.

─ Meeting, ou vol ?

─ Les deux.

─ Ah, commenta Alessio.

─ Je lui ai proposé de venir nous rejoindre chez Jules, entre temps, expliqua Soraya, le ton impatient. Elle peut toujours bosser sur son ordi, quoi. Qu'est-ce que tu fais là, toi ? attaqua-t-elle ensuite. Tu n'étais pas censé être là non plus, que je sache.

Elle s'adressait à Alessio presque d'un ton de reproche, ce qui n'échappa à personne.

─ Pour résumer une longue histoire en une phrase : on a décidé de faire un coucou à Jules, finalement, dit Alessio en s'accoudant au bar. Rome, c'était pas si loin...

─ Tu plaisantes, hein ?!

─ Non, répondit laconiquement Alessio, pince sans rire. Deux jours de route, et nous voilà, tu vois.