Chapitre 2 - David - Merci maman

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Le téléphone vibre. L'alarme entame sa sonnerie, une note à peine, et puis elle se coupe. La batterie a rendu son dernier souffle et avec lui tout espoir de réveil. Dans le lit, en revanche, l'occupant n'en manque pas, de souffle. Ses ronflements ébranlent les étagères d'un ado sur le tard, le très tard. Sur les planches, les figurines médiévales en plomb devisent avec, sur le meuble d'en face, plusieurs répliques de sondes spatiales. Haut perché au centre, le télescope « Hubble » survole la chambre, suspendu à son fil de nylon.

L'avantage d'être un célibataire endurci dévoué à son travail, c'est de pouvoir dépenser son pécule dans tout un tas de choses aussi inutiles que hors de prix. De quoi revendiquer haut et fort un statut de Geek, de Nerd, de « Tanguy » à peine évolué, dont les relations sentimentales ne dépassent pas le coup d'un soir. Toujours chez l'habitante bien sûr, les figurines en plombs, ça rebute...

À l'extérieur, le soleil poursuit sa course, il grimpe pour flirter avec la fenêtre de la chambre. Peu à peu, les rayons de lumière filtrent par la fenêtre pour effleurer le visage endormi. Trentenaire, un visage plein, presque poupon barré d'une fossette au menton et de sourcils bagarreurs, sa chevelure brune ondulée lui donne des airs plutôt beau gosse, enfin, lorsque la salive séchée ne laisse pas son empreinte blanchâtre sur la moitié du menton.

Le soleil lui chatouille les paupières, si bien qu'il se réveille. Il se sent bien, reposé, un peu trop... Beaucoup trop ! D'un bond il se redresse. Sa main plonge vers son portable. Éteint !? Il tire sur l'appareil. Le chargeur raccordé se dévoile. À son bout pend la fiche de recharge... débranchée.

— Comment se fait-il que ?

La réponse le heurte. Sa mère est venue faire le ménage dans son appartement. Elle ne peut s'en empêcher ! La clé concédée par son fils était destinées aux urgences!

— Maman...

Pour elle, il s'agit de traduire « faire un peu le ménage » par : « je bouge tous les meubles, j'époussette chaque objet, et, si une fiche venait à s'écarter de sa prise de courant, et bien... »

La hauteur du soleil à travers la fenêtre le percute.

— Bon sang, quelle heure est-il ?

Une panique fulgurante le gagne. À cloche-pied, il entre dans un jeans tout en enfilant une chemise propre et repassée... merci maman.

Une apnée plus tard, le voilà prêt à affronter une nouvelle journée de travail. D'une main empressée, il tente de se coiffer avec les doigts, de l'autre, il agrippe à l'aveuglette portefeuille, clés et son téléphone toujours relié à son chargeur. L'instant suivant, sa porte claque. Son patron va le tuer.   


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L'Égalease - [GAGNANT WATTYS 2022]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant