Chapitre 12 - Maxime - Dérobée

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Dans l'obscurité du local technique, Chloé et Max tendent l'oreille. En pleine apnée, ils guettent le prochain son. Un sanglot ténu tinte le silence. Les deux ados approchent du mur et collent l'oreille sur le béton. Une nouvelle plainte leur parvient. Aucun doute, un enfant gémit derrière la paroi. Les deux étudiants s'observent, interdits. Chloé rompt le silence la première :

— C'est quoi ce délire ?

Max secoue un visage fermé. Son smartphone se transforme en lampe torche et sonde les moindres recoins. Soudain, il s'exclame :

— Chloé, viens voir !

Le faisceau éclaire un petit dispositif suspendu, un boitier ancré à mi-hauteur dans le mur. Ils approchent tous deux et découvrent un pavé numérique à dix chiffres et deux symboles. Max murmure.

— Pourquoi installer un digipass au fond d'un local technique ?

Ils échangent un regard de plus en plus alarmé. Un pli soucieux barre le front du jeune ado. Le pavé est surmonté d'un petit bulbe translucide, un voyant qui devrait sans doute être éclairé en temps normal. Max tente d'appuyer sur plusieurs chiffres au hasard. Rien ne se passe. Il pivote un visage grave en direction de sa petite amie.

— La coupure de courant a tout verrouillé.

Sa mine se transforme et se défigure d'horreur. Chloé ouvre la bouche pour lui demander ce qu'il se passe lorsqu'il pose un doigt sur ses lèvres. Du bruit, des bruits de pas dans le couloir, quelqu'un vient. Les souliers sur le carrelage s'immobilisent devant la porte. Max lève les poings et s'intercale entre son amie et l'entrée. Les secondes se suspendent et les souffles se coupent. Dans le noir absolu, les oreilles se tendent. Une voix chuchote à travers le panneau :

— Chloé ? Max ?

Ils reconnaissent Nic. Les deux retranchés soupirent de soulagement. Chloé s'avance à la rencontre de leur ami tandis que Max revient vers cette étrange cloison. L'adolescente fait grincer la porte du local technique.

— Nic, par ici, vite !

— Chloé ! Qu'est-ce que tu faisais dans un placard ? Tu te touchais ou quoi ?

— Arrête avec tes expressions d'obsédé et viens nous rejoindre.

À l'intérieur, Max tente d'ignorer les bribes de conversations qui lui parviennent, pour se concentrer sur ce nouveau mystère.

— Quoi ? Max est là-dedans aussi ? C'est lui qui te touchait alors ?

— Tais-toi et entre, on a découvert un truc !

Deux faisceaux viennent éclairer le jeans moulant de Max dont les fesses se tortillent en haut d'une étagère. Les nouveaux arrivants s'exclament en cœur :

— Mais qu'est-ce que tu fous ?

La tête dans le faux plafond, il utilise le mobilier de rangement comme s'il s'agissait d'un escabeau.

— Je dois y regarder de plus près !

Nic grimace.

— Mais de quoi il parle ?

À cet instant un sanglot un peu plus fort que les précédents se fait entendre.

— C'était quoi ça ?

Nic fonce coller son oreille sur la paroi.

— Les gars... j'entends un gosse appeler à l'aide... Vous l'entendez aussi ?

Pendant ce temps, Max avance dans ses recherches. Le lambris fixé sur sa structure en aluminium laisse un espace technique d'une vingtaine de centimètres. Le faux plafond masque un réseau de câble et une épaisse couche de poussière. L'étudiant inspecte le moindre recoin à l'aide de sa lampe. Deux éléments symétriques attirent son regard, des petites vannes. Discrètes, anodines, comme celle que l'on pourrait trouver sur un réseau sanitaire pour autoriser une arrivée d'eau. Elles sont disposées à la verticale, ancrées dans la cloison murale. Nic s'écrie :

— Mais, qu'est-ce tu fais là-haut ? T'as découvert un truc ?

Fort de sa trouvaille, Max revient vers le local. D'un geste sûr, l'ado replace le lambris avant de s'épousseter. Ses amis lui demandent en cœur :

— Alors ?

Il éternue.

— C'est plein de poussière.

Nic s'insurge.

— On s'en masse de la poussière, t'as trouvé un truc ?

Sans répondre, Max avance vers les deux coins de la cloison, sous les vannes découvertes quelques instants plus tôt. Aucune conduite d'eau, ni de robinet. Il se contente de dire :

— Étrange...

Ses deux amis le rejoignent. Nic plisse les yeux à la recherche de cette chose que Max trouve étrange. Il finit par souffler :

— Je ne vois rien...

— Précisément.

Max se retourne vers son compagnon.

— Tu veux bien me faire la courte échelle ?

— Quoi ?

— C'est une technique aussi complexe qu'une perforatrice Nic, un appui tendu et hop, on ouvre la voie.

Nic ouvre la bouche pour répliquer mais est obligé de s'interrompre lorsque Max grimpe littéralement sur lui. Il lève un pied que Nic s'empresse de soutenir de ses mains jointes. Une extension plus tard, le lambris bruisse et la vanne se dévoile. D'une main tendue, il tente de l'actionner, mais elle résiste.

— Tiens bon Nic, je suis dessus !

— Dessus ?! Mais t'es sur moi !

Max mobilise toute ses forces, pousse un grognement lorsque qu'un mouvement opère, un bruit survient, celui d'un gaz qui s'échappe. Max revient sur terre, le visage encore rougi par l'effort. Chloé entre dans le cercle.

— Tu pourrais nous expliquer ?

L'ado se frotte les mains marquées par la forme métallique de la vanne. Il envoie un regard plein de gratitude vers son ami.

— Merci !

Il pivote ensuite vers Chloé.

— Il y a deux vannes là-haut, je pense que ce sont des ouvertures manuelles camouflées. Aidez-moi, je vais m'attaquer à la seconde.

L'opération est répétée, cette fois, la poignée obéit plus rapidement. Un déclic se fait entendre et un mouvement d'air envahit le local, comme s'il venait d'être dépressurisé. Max revient sur la terre ferme et remercie Nic d'un geste amical sur son épaule. Chloé murmure :

— Je sens du vent les gars.

Les trois ados font désormais face à la cloison. Leurs lampes éclairent un changement dans l'alignement. La structure est amovible et une simple poussée les sépare des secrets qu'elle renferme.

L'Égalease - [GAGNANT WATTYS 2022]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant