Chapitre 13 - David - Une lettre manuscrite

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La chambre d'hôtel s'est muée en salle d'investigation. Sur le petit bureau, deux ordinateurs portables éclairent un lit jonché de dossiers. Jenny entre la première. Sa silhouette dessine dans le contrejour les courbes de l'élégance. Svelte mais pourvue d'arrondis gracieux, elle ressemble à une orchidée dont l'apparente fragilité masquerait une essence pleine de ténacité.

— Ne reste pas là, entre.

Elle s'adresse à lui sans se retourner. Le regard de la directrice court sur le lit, ensuite sur le bureau pour s'arrêter sur la table. David referme la porte, non sans ressentir un léger nœud dans l'estomac. D'habitude, lorsqu'il entre dans la chambre d'une jolie fille, ce n'est pas pour étudier de la paperasse. Elle s'installe sur la chaise matelassée. D'un mouvement souple, elle croise les jambes, dévoilant un genou bronzé et tonique. L'espace d'un instant, son regard s'attarde sur le physique avenant du secrétaire. D'habitude, lorsqu'elle invite un beau garçon dans son appartement ce n'est pas pour jouer du stylo, enfin, pas celui-là.

— Tu veux boire quelque chose ?

Un léger voile passe sur son visage. La question lui a échappé. David s'installe à son tour le visage fermé. Soucieux, il secoue la tête et murmure.

— Non merci.

Jenny pose ensuite un doigt sur ses lèvres, en signe de silence. Ce geste génère une réaction immédiate chez son invité. Il ouvre la bouche pour demander une explication lorsqu'elle lui fait de grands yeux et appuie un peu plus fort son index sur sa bouche. David s'immobilise.

Elle se saisit d'une mallette sophistiquée et remplie d'électronique. Lorsqu'elle l'ouvre on y distingue son téléphone portable emprisonné dans un réceptacle en plexiglas pourvu de circuits intégrés. Elle déverrouille un boitier similaire posé juste à côté. Elle tend une main dans sa direction. Il hésite une fraction de seconde avant de se saisir de son propre portable et de lui tendre. Elle le remercie d'un petit signe de tête et sécurise le téléphone. Lorsqu'elle referme la valise chromée, elle soupire :

— Merci David. Nos smartphones enregistrent tout et ceux à qui nous nous frottons possèdent des moyens illimités.

Il secoue un visage décontenancé.

— J'avoue être complètement dépassé par les évènements.

Ces mots ont le don de ramener la directrice vers le nœud du problème.

— C'est bien compréhensible. Commence par m'expliquer ce qui est arrivé pendant votre absence. Je te raconterai ensuite le résultat de mes propres recherches. Et ensuite, nous poursuivrons le travail ensemble.

Les sens de David s'alarment. Il répond, sur la défensive :

— Écoutez, n'interprétez pas mal ce que je vais vous dire mais...

Elle l'interrompt :

— Commence par m'appeler Jenny et tutoie-moi veux-tu ?

— Oui Madame, enfin, oui Jenny.

Un silence. Elle lève un sourcil avant d'ajouter :

— Et donc, quels sont ces propos que je ne suis pas supposée mal interpréter ?

Il reprend par une bafouille :

— Oh oui, pardon, j'étais troublé...

Elle penche le visage sur le côté en l'observant.

— Enfin, je veux dire...

Il se reprend et son faciès se durcit

— Je ne te connais pas Jenny. Léon m'a accordé sa confiance et je la prends très au sérieux. Il semble plongé dans une affaire floue, secrète et je ne le trahirai en aucune manière. Désolé, mais tant que je n'en saurai pas plus à ton sujet, je ne te dirai rien. Et puis... Pourquoi ce mystère avec mon téléphone ? C'est une méthode pour le couper du monde extérieur.

— Correct.

Il s'exclame :

— Mais enfin pour qui travailles-tu ? Les services secrets ?

Elle affiche un sourire froid, du genre à vous donner des frissons. Ses yeux de chat fondent ensuite sur sa victime.

— Ne t'en fais pas, je ne suis pas un assassin chargé de te torturer pour obtenir ce que tu sais.

Elle décroise, puis recroise les jambes.

— Et si je souhaitais te séduire pour obtenir des informations, tu le saurais.

La gorge du secrétaire rétrécit alors qu'elle se lève pour se diriger vers le bureau. David ne peut décoller son regard de ses courbes athlétiques. Les mains de la directrice se dirigent vers un petit tiroir. Elle tire sur la poignée pour dévoiler son contenu. De l'intérieur, elle extirpe une petite enveloppe qu'elle remet sans artifice à son invité.

— J'aurais dû commencer par te donner ceci, cela t'aurait sans doute éclairé dès le départ.

David se saisit de lalettre non scellée qu'il déplie dans un bruit de papier froissé. Une écriturequ'il reconnaît immédiatement. Un regard sur la signature achève de leconvaincre. Le papier est signé Léon et lui est adressé.

L'Égalease - [GAGNANT WATTYS 2022]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant