Chapitre 38 - Tobias - Un coup d'avance

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Dans la cuisine des Darville, l'air se raréfie et la température chute. Les souffles se coupent comme si l'on venait de resserrer la vanne vitale qui nous alimente tous. Tobias explique en quelques phrases les évènements du « trauma 4 ». Les regards rebondissent au rythme des explications, d'abord sur Dolores, ensuite sur Oscar et enfin sur Simon. L'incompréhension flotte sur les lieux et frappe à la porte des pourquoi. Pour le moment, aucune réponse ne vient.

Le Grec se lève et domine le pseudo médecin qui simule l'inconscience depuis son arrivée.

— À présent, il est temps d'obtenir des réponses.

David prend la parole.

— Pourquoi n'appellerions-nous pas la police ? Si Léon n'est pas décédé de façon naturelle, nous devons dénoncer le meurtre, car il s'agit bien d'un meurtre et nous en avons les témoins.

Il désigne Dolores et Oscar avant de pointer Simon.

— Qui plus est, nous détenons le coupable !

Le secrétaire ajoute :

— Si nous réglons ça sans impliquer les autorités, nous nous rendrons complices du crime.

Jenny pose une main sur son épaule. Il frémit. Leurs regards se croisent et les secondes se transforment en éternité. Lucie se raidit alors que la directrice poursuit :

— David, si cet homme est à la solde de cette conspiration, alors la seule méthode pour obtenir des réponses est de l'interroger nous-mêmes.

Arnaud interrompt la directrice.

— Avant que vous n'alliez plus loin, je vais quitter les lieux. De cette manière, si je suis interrogé je pourrai toujours nier les faits. Quoi qu'il arrive, vous aurez besoin de votre chauffeur disponible et il est très difficile de conduire les menottes aux poignets.

Il marque un temps d'arrêt.

— De plus... J'ai quelques appels à effectuer.

Tobias et lui échangent un regard entendu. Lorsqu'Arnaud quitte la pièce, tous les visages convergent vers la « cheffe de com ». Jenny reprend la parole sur un ton posé, presque froid :

— Comme je vous le disais, la police ne vous aidera en rien. J'ai vécu une situation similaire il y a peu.

Lucie l'interrompt, exaspérée :

— Ah oui ? Ton père est mort assassiné et une inconnue t'a conseillé de faire comme si de rien n'était ?

David intervient :

— Lucie s'il te plaît calme-toi, Jenny est une amie.

Le ton protecteur employé par son ami a le don de piquer la jeune femme au vif.

— Que je me calme ?! Mais comment veux-tu que je me calme ! Papa est mort !

Elle ne peut retenir un hoquet d'effroi, comme si ses propres mots venaient de provoquer des remous en elle. Jenny prend une longue inspiration.

— Mon ancien employeur était bien plus puissant que Léon ne l'était.

Ses yeux sont deux harpons qu'elle lance en direction de Lucie.

— Mon ancien patron était comme un père pour moi et sa mort est restée relayée au rang des accidents, et ce, malgré tous les efforts de ses proches dont je faisais partie.

Un long silence s'installe. Elle ajoute d'un air résigné :

— Il a essayé de prévenir les suivants de ce qui les attendait... en vain.

Elle secoue la tête pour chasser l'horreur du passé. Lorsque son visage revient vers l'assemblée, ses yeux ont la couleur de l'acier.

— Je vous demande de me faire confiance, j'ai déjà eu affaire à cette organisation et les voies légales ne nous aideront en rien.

Lucie reprend son calme. Un silence plane dans la pièce. Jenny ajoute :

— Nous avons un avantage, un coup d'avance et qui plus est, un accès à de l'information.

Elle pointe Simon du doigt.

— Nous devons en profiter pour maintenir notre avance et tenter de faire tomber la tête pensante de ce projet car, ne vous y trompez pas, dans l'immense engrenage en marche, cet homme n'est qu'un simple pion.

L'Égalease - [GAGNANT WATTYS 2022]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant