Chapitre 28 - Dolo - Un bruit suspect

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La porte du bureau de l'inspectrice se referme et l'infirmière se retrouve seule dans le couloir de la maternité. La tête lui tourne. Les questions d'Astrid Bléger se répercutent dans son esprit pour alimenter une sensation désagréable. Le pressentiment est clair, d'une manière ou d'une autre, les soupçons à son encontre sont bien présents. Ils planent sur elle comme un oiseau de proie. À tout moment, le piège peut se refermer. Elle doit accélérer la cadence afin de mettre un terme à ses activités illicites et reprendre une vie normale au plus vite.

Dolores se redresse et tente de retrouver son calme. Avec sang-froid, elle ordonne le cours de ses pensées. Simon lui avait demandé d'ouvrir une nouvelle brèche dans le système de l'hôpital. La clé USB a été insérée ce matin comme demandé. Voilà un point qu'elle peut rayer de sa liste. Restent les injections, si l'on décompte celle administrée hier, cinq restent encore à délivrer. Si les accouchements sont précoces, elle pourrait en finir d'ici quinze jours. Si en revanche les nourrissons sont tardifs, alors, l'attente peut s'avérer interminable. Elle a survécu au premier entretien et pour l'instant, rien de tangible ne peut l'incriminer. Il n'y a plus qu'à croire en l'avenir.

*

La journée passe à toute vitesse, bientôt la délivrance. Bientôt elle pourra rentrer chez elle et ranger une horrible journée de plus dans le tiroir des mauvais souvenirs. À quelques pas, Antoinette passe la tête hors de la chambre 513. Lorsqu'elle voit sa collègue, le visage poupin d'Antoinette s'éclaire.

— Ah Dolo ! Te voilà, les contractions de madame Mayeux s'accélèrent. On est en train de faire la péridurale. À mon avis, on aura besoin de toi en salle de délivrance d'ici trente minutes, une heure tout au plus.

Mayeux, le nom s'affiche dans la toile de son esprit, il clignote même. Le bébé fait partie de la liste. Dolores opine du chef. Voilà une injection qui ne s'éternisera pas.

— C'est entendu, laisse-moi juste un quart d'heure. Je file à la cafète pour faire un break.

Elle ajoute un ton plus bas :

— Je sors d'un entretien avec « tu sais qui ».

Elle mime le visage d'Astrid en faisant la grimace. Antoinette pouffe.

— Ça marche ma belle, mais ne traîne pas, on se retrouve tout à l'heure en salle d'accouchement.

Dolores abandonne le couloir pour prendre les escaliers. Elle a menti à Antoinette. Son entretien s'est déroulé avec l'inspectrice en début de journée. Mais il lui aurait été impossible de se plonger immédiatement dans le bain, elle a besoin d'un break pour rassembler ses facultés. Elle n'a pas le droit à l'erreur. À partir de maintenant elle vise le sans faute. Le cours des choses semble trop rapide pour son esprit. Si elle parvient à administrer l'injection au nourrisson de madame Mayeux, il lui en restera encore quatre. Si la chance continue de lui sourire, alors le scénario des quinze jours deviendra vraiment réaliste. D'ici là, elle doit tenir. Les marches défilent autant que les étages. Pratiquer les escaliers lui permet de prendre un peu de recul sur le cours des évènements. Elle autorise son corps à descendre les marches de manière mécanique et focalise ses pensées sur ce qu'il lui reste à faire.

Lorsqu'elle arrive à la porte du rez-de-chaussée, elle n'a aucun souvenir du trajet emprunté, comme si son cerveau s'était absenté. La porte s'ouvre sur l'atrium. Encore absorbée par ses réflexions, elle marche droit devant sans réfléchir à sa destination. Une voix la tire de sa somnolence.

— Tout va bien Dolores ? Tu as l'air ailleurs !

Surprise, elle se retourne. Elle aurait voulu que ce soit Oscar, pour qu'il la prenne dans ses bras et qu'il la fasse décoller comme il sait si bien le faire. Déception, ce n'est que Börg. Elle affiche un sourire de circonstance avant de répondre :

L'Égalease - [GAGNANT WATTYS 2022]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant