Chapitre 3 - David - La fibre maternelle

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Dans la cuisine du manoir, le temps s'écoule à un rythme différent, comme s'il était soumis à d'autres lois, sans doute celles du chagrin.

La première réaction face à la perte brutale n'est pas immédiatement la tristesse. La culpabilité, parfois les regrets, et bien souvent la colère sont sur le podium. Ce soir, Lucie bout de rage à la recherche d'un coupable. Sa voix claque comme un fouet lorsqu'elle s'adresse à Jenny et David.

— Papa vous avait chargé d'enquêter sur ces gens, je veux savoir ce que vous avez découvert, tout ce que vous avez découvert. Le meurtre de Papa ne sera pas vain et il ne restera pas impuni !

Jenny et David échangent un regard incertain. La directrice prend la parole d'une voix feutrée :

— Nous n'avons qu'un début de piste, nous suivions des indices liés à l'ordinateur quantique. Il nous faut à présent relier nos connaissances avec les nouvelles informations reçues récemment. L'objectif des injections administrées aux nourrissons reste un mystère.

Quelqu'un frappe à la porte de la cuisine. Les regards pivotent en direction du nouvel arrivant. Arnaud s'annonce.

— Pardonnez-moi de vous déranger, mais David, j'aurais besoin de vous, un visiteur vous attend.

Surpris, le secrétaire lance un regard interrogatif vers Jenny. Elle secoue doucement le visage, signe qu'elle n'en sait pas plus. Malgré la tristesse, cette nouvelle preuve de leur complicité ne passe pas inaperçue chez Lucie. David se lève.

— Très bien, j'arrive Arnaud.

En silence, il emboite le pas du majordome. Ils rejoignent rapidement le hall pour y découvrir une petite dame apprêtée qui trépigne d'impatience. David s'exclame abasourdi :

— Maman ?

— Oh, David, j'ai eu si peur.

Dans sa voix et sur son visage jaillit l'émotion et pourtant, elle utilise cette force de retenue qu'on les gens d'éducation sévère. Elle meurt d'envie de serrer son fils dans ses bras, mais se contient, immobile, en se contentant de presser son sac à main contre elle. Il approche et l'embrasse.

— Mais je vais bien, que fais-tu là ?

Elle secoue la tête comme pour se dégager d'un trop-plein émotif.

— Je me suis réveillée en pleine nuit et j'ai senti qu'il y avait quelque chose. J'ai essayé ensuite de t'appeler, mais tu ne répondais pas. J'ai pris peur. Alors j'ai appelé Léon, Tobias, et le manoir. Personne n'a répondu, et là, j'ai su que quelque chose de grave se passait. Je... j'ai eu si peur David.

Il lève les yeux au ciel et serre sa Maman dans ses grands bras.

— Je vais bien Maman. Il faut toujours que tu t'inquiètes.

Il ne peut s'empêcher de se crisper. Dans ses bras, elle le ressent immédiatement.

— Qu'y a-t-il ? Il s'est passé quelque chose n'est-ce pas ?

Un silence, il hésite avant d'avouer :

— Et bien Maman, tu n'avais pas tout à fait tort.

Elle s'écarte et plonge son regard brillant dans celui de son fils.

— Oh, mon dieu, David, que s'est-il passé ?

Le visage du secrétaire est grave et froid lorsqu'il murmure :

— Il y a bien eu undrame cette nuit, mais ce n'est pas moi Maman, c'est Léon...

L'Égalease - [GAGNANT WATTYS 2022]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant