Californie_
12 heures.Il fut un temps où je ne comprenais jamais pourquoi mes parents, censés être une partie essentielle de ma vie, semblaient toujours si éloignés. Leur absence, comme une ombre silencieuse, pesait sur chaque moment qui aurait dû être partagé avec eux.
Mes anniversaires, ces concours où je remportais la première place, la joie de l'accomplissement... ils n'étaient jamais là. Il y avait toujours ces deux chaises vides dans la grande salle de réception, somptueusement décorée de lustres étincelants, où chaque table était recouverte de nappes immaculées. Les applaudissements retentissaient, mais mes yeux ne pouvaient se détacher de ces deux places inoccupées. J'espérais, encore et encore, qu'à la dernière seconde, ils franchiraient la porte, un sourire éclatant aux lèvres. Mais ce moment ne venait jamais.
Quand je me plaignais de leur absence, au lieu de me rassurer, ils me réprimandaient.
— Fille ingrate, égoïste, lançaient-ils, comme si mes besoins de leur amour étaient un caprice. Tu devrais te réjouir de ce que tu as, disaient-ils.
Mais qu'avais-je réellement, sans eux ? L'amour est-il une faveur que l'on doit mériter ?
Ce jour-là, le soleil brillait haut dans le ciel de Californie, mais à l'intérieur de notre maison, tout n'était que froideur. Dans le salon immaculé, une pièce presque stérile avec ses étagères minimalistes et ses portraits modernes, je me tenais face à eux. Le silence était pesant, seulement brisé par le tic-tac incessant de l'horloge murale. Mon cœur était lourd, les larmes coulaient librement, mais leur regard restait glacial, presque indifférent.
— Je suis votre fille ! Pourquoi tant de haine ? Pourquoi cette froideur ? demandai-je, la voix brisée, l'âme en lambeaux.
Mon père, un homme imposant avec ses cheveux grisonnants, me regarda avec une dureté que je ne lui connaissais pas. Ses yeux, autrefois protecteurs, étaient devenus perçants et froids, comme ceux d'un étranger.
— Combien de fois devons-nous te le dire ? Tu n'es plus une gamine ! Cesse de te plaindre. Tout ce que nous faisons, c'est pour toi, pour ton confort ! cracha-t-il avec une colère amère.
Je ne les reconnaissais plus. Chaque mot qu'ils prononçaient me transperçait, amplifiant la blessure déjà béante dans ma poitrine. Je cherchais désespérément une étincelle d'amour dans leurs yeux, mais je n'y voyais que le vide, une indifférence dévastatrice.
— Vous êtes égoïstes ! aveuglés par l'argent. Vous n'avez aucune idée de ce que c'est que d'être une famille ! rétorquai-je, la voix tremblante, mais pleine de rage.
Ma mère, une femme à la beauté glaciale, s'approcha brusquement, ses talons claquant contre le marbre comme des coups de fouet. Son visage, d'une froideur presque inhumaine, se durcit avant qu'elle ne lève la main. La gifle retentit dans la pièce, me laissant une brûlure sur la joue et une autre dans le cœur.
— Nous n'avons jamais voulu d'enfant ! lança-t-elle avec une haine que je ne lui connaissais pas. Tu es arrivée par accident, et tu as eu la chance que je ne t'abandonne pas à la naissance. Sois reconnaissante pour la vie que nous t'offrons !
Son aveu me paralysa, coupant mon souffle. J'avais toujours su que j'étais née d'un déni de grossesse, mais entendre ces mots, prononcés avec une telle violence, me plongea dans un abîme de douleur. J'étais leur fille, leur seule enfant, et pourtant, j'avais été un fardeau pour eux.
— Vous êtes horribles... murmurai-je, les larmes me submergeant, un océan de désespoir.
Mon père, furieux, hurla mon nom, mais je ne pouvais plus l'écouter. Les murs blancs semblaient se refermer sur moi, m'étouffant sous le poids de leur rejet. Je me tournai, fuyant leur présence toxique, les jambes lourdes, le cœur battant comme un tambour de guerre.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Mystery / ThrillerQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...