30 : L'entreprise des Prescott

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ANASTASIA –

Le matin, je me réveillai étrangement bien, reposée comme rarement. Cependant, une étrange sensation contre moi me perturba. En ouvrant les yeux, je réalisai avec stupeur que ma tête était posée sur quelque chose de dur... Le torse nu d'Ezekiel. Mes yeux s'écarquillèrent, et je me figeai. Son bras puissant enroulait mon corps, me gardant près de lui. Mon cœur s'emballa, battant à une vitesse folle.

Comment... Comment était-il là, dans ma chambre, et surtout, comment avait-il fini dans mon lit ? Il semblait profondément endormi, son souffle lent et apaisé contrastant avec le chaos de mes pensées. Ses traits habituellement durs étaient marqués de cernes profonds sous ses yeux. Il avait l'air épuisé, presque vulnérable. Ses paupières légèrement rouges comme s'il avait pleuré... Quelque chose en moi se serra de tristesse sans que je comprenne pourquoi.

Je le regardais un moment, partagée entre l'incrédulité et la fascination. Et puis, il grogna légèrement dans son sommeil, fronçant les sourcils, sa voix brisée par le rêve dans lequel il semblait plongé.

— ...pas ma femme... moi plutôt... marmonna-t-il d'une voix rauque et à peine audible.

Je ne pus retenir un sourire en l'entendant. Alors, même dans ses rêves, il pensait à moi... C'était attendrissant, même si cela me déconcertait. Il ne se rendait pas compte de l'effet qu'il avait sur moi, ou peut-être que si ? Mon cœur battait encore plus fort.

Soudain, ses yeux s'ouvrirent brusquement, ses pupilles grises se plantant directement dans les miennes. Je n'eus pas le temps de détourner le regard. Mon souffle se coupa un instant sous la force de son regard, intense et direct. Une chaleur monta rapidement sur mes joues, je sentais ma peau brûler.

— C'est bon, tu as fini de me reluquer ? murmura-t-il, un sourire narquois aux lèvres.

— N'importe quoi... Il n'y a rien à regarder à part... ton torse et ton visage, balbutiai-je, essayant de fuir son regard, de plus en plus consciente de la proximité de nos corps, du contact de sa peau contre la mienne.

Son sourire s'élargit, ses yeux pétillant d'une malice familière.

— Oh, allez, princesse, dit-il d'une voix basse et taquine, attrapant doucement mon visage entre ses mains. Ses doigts glissèrent doucement sur mes joues, une caresse presque tendre. Je sais que tu adores ce visage et ce torse.

Je sentis mon cœur bondir dans ma poitrine. C'était insupportable, cette proximité, ce ton, ce regard. Il jouait avec moi, je le savais.

— Et même si c'était le cas, en quoi cela te regarde ? rétorquai-je, tentant de garder un peu de dignité malgré la vague de chaleur qui me submergeait.

Il sembla surpris, mais son expression se radoucit presque aussitôt, un rire doux s'échappant de ses lèvres.

— Tu es vraiment amusante, Anastasia... murmura-t-il, mais cette fois, il y avait autre chose dans sa voix. Quelque chose de mélancolique, de fatigué.

Je fronçai les sourcils, touchée par ce changement soudain. Pourquoi avait-il l'air si triste, si épuisé ? Ce n'était pas le même Ezekiel, celui que je connaissais. Je m'approchai instinctivement de lui, plus près, cherchant à comprendre ce qui se passait.

— Est-ce que par hasard... tu es ici parce que j'ai encore fait une crise de somnambulisme ? demandai-je d'une voix plus basse, hésitante.

Il hocha la tête doucement, ses bras me serrant un peu plus fort contre lui, comme s'il ne voulait pas que je m'éloigne. Son front se posa contre le mien, une proximité si inhabituelle que j'en perdis mes mots. Il ne cherchait même pas à cacher ce geste. Il le faisait en sachant pertinemment que j'étais consciente. Et ça me déstabilisait.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant