39 : La jalousie

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Je continuais de pleurer, posant ma tête lourde et épuisée sur le bureau. Je me sentais prise au piège, enfermée dans ce cercle vicieux où, pour survivre, je devais m'endurcir, devenir une personne que je ne reconnaissais plus. Et malgré tout, malgré mes efforts, il y avait toujours quelqu'un, comme Ava, prêt à me faire tomber plus bas. L'épuisement me submergeait. Je n'aspirais qu'à une chose : aimer et vivre en paix, loin de ces intrigues.

Soudain, la porte s'ouvrit avec fracas, me tirant de mes pensées. Armon entra, des documents à la main. Il s'arrêta net en voyant le chaos qui régnait dans la pièce, ses sourcils se froncèrent d'inquiétude, et il s'approcha rapidement de moi.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demanda-t-il d'une voix douce, mais alarmée.

Je levai un visage ravagé de larmes vers lui, tentant de dissimuler ma vulnérabilité, en vain.

— Cette vipère... Ava..., murmurai-je en étouffant un sanglot. À cause d'elle, Ezekiel s'est montré... il était agressif, glacial, comme si je ne valais rien à ses yeux. Il a préféré croire ses mensonges.

Essuyant les larmes qui continuaient de couler, je ne pouvais contenir la douleur et l'humiliation qui brûlaient en moi. Armon, doucement, releva mon visage, ses doigts effleurant mon menton avec une délicatesse que je n'avais pas connue depuis longtemps.

— Anastasia, arrête, murmura-t-il avec tendresse. Ne laisse pas cette histoire te détruire. Tu es bien trop précieuse pour pleurer à cause d'eux.

Il essuya mes larmes d'un geste doux, presque intime. Je restai sans voix, le regardant, sentant une chaleur rassurante se glisser dans mes veines. C'était différent de ces rares fois où Ezekiel avait été tendre avec moi. Avec Armon, il n'y avait ni conditions ni possessivité, juste un soutien désintéressé, apaisant.

— Tu as fini ton travail, non ? proposa-t-il en esquissant un sourire. Alors viens, allons manger. Je sais que tu adores les pâtisseries... j'ai vu un gâteau Forêt-Noire en forme de cœur à la boulangerie. Ça te remonterait le moral, non ?

Un léger sourire se dessina malgré moi. J'aurais aimé avoir un frère comme Armon, quelqu'un sur qui je pouvais compter sans arrière-pensées. Je me levai, m'efforçant de remettre un peu d'ordre dans ma tenue, de retrouver une contenance.

— Allons-y, dis-je d'une voix plus posée, prête à me laisser emporter par cette petite parenthèse de douceur.

Mais alors que nous nous apprêtions à partir, le claquement sec de la porte me fit sursauter. L'air se chargea instantanément d'une tension électrique. Ezekiel venait d'entrer, et sa présence imposante envahissait chaque recoin de la pièce. Ses pas résonnaient lourdement, comme un jugement sans appel.

Mon cœur se mit à battre à toute allure, tambourinant contre ma poitrine tandis que j'essayais de maintenir une apparence de calme. Mais ses yeux brûlants de colère glacée m'avaient déjà figée sur place. Je savais que cette confrontation ne présageait rien de bon.

— Que fais-tu ici ? lança-t-il, sa voix tranchante comme une lame, chaque syllabe chargée d'une menace contenue.

Je levai les mains dans un geste apaisant, essayant de désamorcer la situation avant qu'elle ne dégénère.

— Nous allions manger... c'est la pause, répondis-je, ma voix se voulant détachée, mais un tremblement trahissait la tempête qui grondait en moi. Rien de plus.

Armon, mal à l'aise, ouvrit la bouche pour s'expliquer, mais Ezekiel ne lui laissa pas l'opportunité.

— Dehors, Armon, ordonna-t-il d'un ton sec, autoritaire, sans même lui accorder un regard. Maintenant.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant