16 : « Ce type est malade. »

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Enfin hors de la chambre, mes pieds nus claquèrent contre le sol froid du couloir, le souffle court, chaque inspiration me brûlait la gorge. Mon corps tremblait violemment, secoué par des frissons incontrôlables. Mon cœur martelait ma poitrine, si fort que j'avais l'impression qu'il pourrait exploser à tout moment, comme s'il cherchait à s'échapper de la prison de terreur dans laquelle j'étais enfermée.

Ezekiel ne se contentait pas d'être cruel, il aimait jouer avec les peurs les plus viscérales, les terreurs enfouies au plus profond de moi. Il transformait la peur en une œuvre d'art macabre, mêlant beauté et horreur dans un spectacle si insoutenable qu'il en devenait presque hypnotique. Ses yeux, froids et perçants, étaient gravés dans mon esprit, et je savais que cette scène serait à jamais marquée dans ma mémoire, une blessure vive, une cicatrice qui ne guérirait jamais.

Je trébuchai, haletante, le corps lourd et engourdi par la peur. La simple pensée de retourner dans cette chambre, de revoir ces serpents ondulant sur ma peau, suffoquant mon être, me tétanisait. La terreur enserrait mes entrailles comme une main glacée, me coupant presque la respiration. Fuyant, je me réfugiai à l'extérieur, près de la piscine, comme une proie traquée cherchant un abri.

Le jardin, baigné par les premiers rayons du jour, aurait dû offrir un semblant de répit, mais même la lumière du matin ne pouvait chasser les ténèbres qui m'habitaient. Mon corps se relâcha enfin, laissant les larmes couler, lourdes et silencieuses, traçant des sillons humides sur mon visage.

Je m'agenouillai près de l'eau, le regard perdu dans les ondulations calmes de la piscine, espérant que le flot de mes larmes pourrait apaiser la tempête qui rugissait en moi. Mais rien n'y faisait. Je pouvais encore sentir la robe de satin, humide et collée à ma peau, chaque frisson ramenant le souvenir des écailles visqueuses glissant sur ma chair. La sensation était encore là, persistante, comme une brûlure invisible, gravée dans ma chair et dans mon esprit.

Soudain, des pas crissèrent sur le gravier derrière moi, et je me raidis instinctivement. Un moment de panique me saisit, avant que la voix douce et réconfortante d'Armon ne vienne briser l'étau glacé qui m'oppressait.

— Anastasia ? M'interpella-t-il doucement, s'agenouillant à mes côtés.

Il tenait une couverture dans ses mains, et avec une tendresse infinie, il la déposa sur mes épaules tremblantes. Ce geste, aussi simple soit-il, provoqua un nouveau flot de larmes. Je tremblais encore, incapable de reprendre le contrôle de mes émotions.

— Que fais-tu ici, dans cette tenue ? Il fait encore frais ce matin, dit-il d'une voix douce, pleine de sollicitude, mais teintée d'une inquiétude palpable.

Je reniflai, essayant de contenir mes sanglots, mais les mots semblaient se coincer dans ma gorge, emprisonnés dans un tourbillon de terreur et de honte. Finalement, ma voix, brisée et rauque, réussit à se frayer un chemin à travers mes lèvres.

— C'est... c'est Ezekiel, murmurai-je, chaque syllabe tremblante. Il a mis... des serpents dans ma chambre... pendant que je dormais.

Les mots me coûtèrent tant d'efforts qu'ils semblaient drainer le peu de force qu'il me restait. Le visage d'Armon se durcit instantanément, et je vis ses yeux, habituellement si bienveillants, s'assombrir d'une colère sourde, un orage prêt à éclater. Il resta silencieux un moment, absorbant l'horreur de mes paroles, avant de murmurer d'une voix basse, presque inaudible :

— Ce type est malade.

Ses mots résonnèrent dans l'air, lourds de colère contenue. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux, visiblement secoué par ce qu'il venait d'apprendre. L'impuissance était palpable dans ses gestes, et je vis sa mâchoire se crisper alors qu'il tentait de maîtriser sa rage.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant