LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]

74 : Un amour possessif

Le lendemain matin, au bureau, Ezekiel ne relâcha pas son emprise. Il m'accompagna à chaque réunion, chaque rendez-vous, son regard perçant analysant chacun de mes mouvements, chaque mot échangé. Ses gestes, bien que subtils, étaient des affirmations silencieuses de son autorité. Lorsqu'il posait une main ferme sur mon dos ou lançait un regard acéré à quiconque s'approchait d'un peu trop près, il faisait passer un message clair : j'étais sous sa protection, mais aussi sous sa domination. À notre passage, les murmures des employés résonnaient comme un chuchotement continu, empreints de respect mêlé d'une pointe de crainte.

Sa présence était constante, presque écrasante. Il veillait sur moi comme une ombre vigilante, un bouclier invisible qui me protégeait de l'extérieur, mais qui, parfois, se refermait sur moi comme une cage dorée.

Aujourd'hui, une réunion cruciale m'attendait au sein de l'organisation des Miller. Malgré mes absences récentes, le travail continuait sans relâche. Ma secrétaire, les traits marqués de fatigue, m'accueillit avec un sourire épuisé, mais soulagé. Ses yeux cernés témoignaient de longues nuits de travail, et elle me remercia chaleureusement pour l'aide que je lui avais fournie en renforçant l'équipe. Elle réprima un sanglot d'émotion en m'expliquant comment les équipes avaient tenu le cap en mon absence, et je ne pus m'empêcher de ressentir une profonde gratitude mêlée de culpabilité.

Dans mon bureau, je feuilletais distraitement mon planning de la journée, une exaspération latente dans mon soupir. Ezekiel, assis non loin, parcourait des rapports de production, un sourire satisfait jouant sur ses lèvres, comme si tout se déroulait selon ses plans.

— La réunion va bientôt commencer, murmurai-je, tentant de cacher l'agacement dans ma voix.

— Allons-y, répondit-il d'un ton calme, mais empreint de vigilance. Même en apparente détente, il restait un prédateur en alerte.

L'après-midi étira son ombre lourde, écrasant chaque coin de la pièce sous une chaleur suffocante, mais cette lourdeur n'était rien comparée à la tension palpable dans la salle de réunion. L'immense pièce, décorée de boiseries sombres et sévères, baignait dans une lumière crue filtrant à travers de grandes fenêtres, accentuant les traits tirés et les regards inquisiteurs autour de la table. Le cliquetis des stylos, les froissements de papier semblaient dérisoires face au poids des non-dits qui emplissaient l'air. Ce n'était pas le calme respectueux d'une réunion, mais un silence chargé de mépris et de préjugés dissimulés.

Les hommes présents me fixaient, certains ouvertement, d'autres d'un regard détourné, mais tout aussi perçant. Leurs yeux, remplis de scepticisme, semblaient sceller un verdict tacite : ma place ici était une anomalie. Les murmures qu'ils échangeaient à voix basse n'avaient rien d'innocent. « Une femme, vraiment ? » Ces mots non prononcés flottaient, imprégnant chaque recoin de la pièce d'un poison silencieux.

Chaque regard, chaque murmure était une attaque invisible, une lame insidieuse que je sentais percer mon calme. Mais je n'étais pas seule. Ezekiel, assis à mes côtés, perçut immédiatement l'hostilité ambiante. Je sentis son corps se tendre, comme un fauve prêt à bondir, et son regard acéré balaya la salle avec une intensité qui aurait glacé le sang des plus téméraires.

Un des hommes, assis à ma droite, me fixait avec une insistance déplacée. Son regard glissait sur moi avec une arrogance crue, comme s'il testait les limites de mon endurance.

— Si vous avez une question, adressez-vous à moi, lança Ezekiel, sa voix froide comme la lame d'un couteau.

L'homme, pris de court, se tourna vers lui, visiblement mal à l'aise. Ezekiel le fixait d'un regard implacable, et un sourire satisfait apparut furtivement sur ses lèvres lorsqu'il vit l'homme détourner les yeux. Sous la table, ses doigts effleurèrent les miens, et ce geste, aussi subtil qu'il fût, portait en lui une promesse silencieuse : il ne me laisserait jamais affronter seule cette hostilité.