Ma main frappa le carrelage avec une violence incontrôlée. La douleur, vive et immédiate, se propagea dans mes doigts, mais ce n'était rien comparé au chaos qui m'envahissait. Chaque pulsation semblait synchronisée avec ma rage, mon désespoir, et cette peur implacable qui me rongeait. Le bruit sourd de mon coup résonnait encore dans la pièce, mais il ne calmait rien. Tout en moi criait, tout en moi se déchirait sous le poids d'un héritage que je n'avais jamais voulu, que je n'étais même pas certaine de pouvoir porter.
Je pris une inspiration tremblante, tentant de forcer mes poumons à se remplir d'air. Mais c'était comme si une main invisible pressait ma poitrine, m'empêchant de respirer pleinement. Mes pensées s'emballaient, un tourbillon de doutes et de reproches. Je ne pouvais pas flancher. Pas maintenant. Pourtant, une voix intérieure ne cessait de murmurer que j'étais sur le point de tout perdre.
— Reprends-toi, Anastasia... Reprends-toi, bordel... me soufflai-je, plus un appel désespéré qu'un ordre.
Mes mains tremblaient alors que j'ouvrais le robinet. L'eau glaciale s'écoulant sur ma peau était un choc brutal, mais nécessaire. Cela me fit l'effet d'une claque, un rappel violent que je devais revenir à la réalité. Je plongeai mon visage sous le flot, m'efforçant de chasser les larmes, la sueur et le sang mêlés sur ma peau. Quand je relevai les yeux pour me regarder dans le miroir, je faillis ne pas me reconnaître. Mes yeux, cerclés de cernes sombres, étaient empreints d'une fatigue qui allait bien au-delà du physique. Ils portaient le poids de cette guerre silencieuse, de cette trahison imminente.
Je séchai rapidement mon visage, inspirant profondément pour étouffer les tremblements encore présents dans mes membres. Personne ne devait me voir ainsi. Ni Ezekiel, ni Armon, ni personne d'autre. Ils devaient continuer à croire en cette force que je prétendais incarner, même si au fond, je me sentais prête à m'effondrer.
Je quittai la salle de bain, mes jambes vacillant légèrement sous le poids de mes émotions. Armon était toujours là, assis dans un coin de la pièce, son regard aussi perçant qu'inquiétant. Il se leva à mon approche, une tasse de café dans les mains.
— Bois, dit-il simplement, me tendant la tasse.
Je l'acceptai sans un mot, mes doigts encore tremblants autour de la céramique chaude. L'odeur familière du café envahit mes narines, mais au lieu de m'apaiser, elle ne fit que renforcer cette boule de stress logée dans ma gorge.
— Merci, murmurai-je, la voix rauque, presque éteinte.
— Tu es à bout, Anastasia. Mais tu ne peux pas te permettre de perdre la tête maintenant. Pas avec tout ce qui est en jeu.
Son ton était calme, mais son message était limpide. Je le savais. Armon voyait clair en moi, bien plus que je n'aurais voulu l'admettre. Mais il avait raison. Si je cédais à la panique, si je laissais la terreur m'envahir, je ne ferais que précipiter ma chute.
Je pris une gorgée du café, laissant la chaleur se répandre dans mon corps avant de reposer la tasse sur le bureau. Puis mes yeux se posèrent sur un dossier en particulier, négligemment déposé parmi les autres : celui de Silène. Mon cœur s'accéléra alors que je le feuilletais rapidement. Des détails manquaient. Des informations cruciales avaient été effacées. Les dernières transactions suspectes, les signatures... Tout pointait vers elle.
— Merde... Silène..., murmurais-je, sentant une rage sourde monter en moi. Tout ce temps, sous mon nez...
Mon corps se mit en mouvement avant même que je ne réalise ce que je faisais. Poussée par une colère dévastatrice, je sortis du bureau, chaque pas résonnant comme un tambour de guerre, mon cœur battant avec une violence insupportable. Je m'approchai de son bureau, entendant des voix étouffées derrière la porte entrouverte. Je me figeai, tendant l'oreille.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Mistero / ThrillerQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...