LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]

48 : Discussion banale

ANASTASIA  -

La nuit enveloppait la chambre d'une douce obscurité, les ombres dansaient sur les murs, baignées par la faible lumière de la lune filtrant à travers les rideaux. Ezekiel et moi étions allongés sur le lit, nos corps enlacés, nos respirations s'accordant dans un rythme apaisant. Je savourais cet instant rare de calme, sentant ma fièvre retomber légèrement après avoir pris mes médicaments. Ses lèvres effleurèrent ma peau, me couvrant de baisers tendres, et peu à peu, je le sentis sombrer dans un demi-sommeil. Mais l'instant de paix fut brisé par la sonnerie de son téléphone.

Grognant, Ezekiel se redressa à contrecœur pour répondre, sa voix légèrement rauque d'épuisement.

— Je t'écoute.

La voix de Tania résonna de l'autre côté, glaciale et pressée.

— Armon a renvoyé Ava, et elle a menacé de nous détruire en s'alliant avec Viktor.

Je sentis la tension raidir les épaules d'Ezekiel. D'un ton implacable, presque inhumain, il répondit :

— Je vois. Retrouvez-la et neutralisez-la, dit-il froidement, comme s'il ordonnait un simple rapport.

Son expression s'assombrit encore plus. Il était prêt à éliminer son ex.

— Bien reçu ! répliqua Tania avant de raccrocher.

Il reposa son téléphone, son visage fermé, avant de se pencher pour déposer un baiser sur mon front, un geste presque automatique, comme pour m'apaiser. Mais un poids oppressant flottait entre nous. Je levai les yeux vers lui, cherchant à percer la carapace qui venait de se refermer autour de lui.

— Ezekiel... Quelle est ta relation avec Armon ? murmurais-je d'une voix hésitante, brisant le silence.

Il soupira longuement, passant une main dans ses cheveux noirs, visiblement agacé de devoir se dévoiler.

— C'est... mon petit frère. Enfin, demi-frère, précisa-t-il d'un ton détaché. Il refuse d'être associé à la famille Prescott, malgré tout ce qu'il a fait pour se faire une place dans l'entreprise. Il a choisi de porter le nom de famille de sa mère et de suivre mes ordres, au lieu de revendiquer ce qui lui appartient.

Mes doutes se confirmèrent, expliquant enfin l'aura de pouvoir qu'Armon dégageait, le respect que les autres lui portaient. La vérité se dessinait : Ezekiel et lui n'avaient pas la même mère. Ce qui signifiait que le père d'Ezekiel avait trahi sa femme.

— Alors pourquoi es-tu si impulsif avec lui ? Ne le considères-tu pas comme un frère, Ezekiel ? demandai-je, mes mots hésitants, craignant de toucher un point sensible.

Il s'assit sur le lit, se rapprochant de moi, ses yeux d'un gris pénétrant capturant les miens avec une intensité presque oppressante. Son aura se referma autour de moi, m'envoûtant, et il murmura d'une voix grave :

— Il est mon frère, mais je ressens une menace chaque fois qu'il s'approche de toi, princesse.

Un léger rire m'échappa, mes doigts frôlant doucement son visage. Il sembla surpris par mon geste, mais je sentais derrière ses yeux un orage refoulé.

— Pourtant, c'est toi que j'aime. Ou bien est-ce que tu le hais pour une autre raison ? murmurai-je avec douceur.

Il posa un doigt sur mes lèvres, un éclair de tension passant dans ses traits, comme s'il luttait contre quelque chose en lui.

— Anastasia... Ce n'est pas le moment pour ça. Repose-toi, ordonna-t-il d'une voix froide.

Sans un mot de plus, il se leva brusquement et quitta la pièce, me laissant seule, perdue dans mes pensées et mes doutes.