Je sentis leurs regards se braquer sur moi, incrédules, comme si j'avais soudainement poussé un cri de guerre. Woods fronça les sourcils, son sourire se crispant, trahissant une surprise qu'il ne pouvait dissimuler.
— Comment ? demanda-t-il, une note de confusion perçant dans sa voix.
Je croisai doucement les jambes, savourant une gorgée de thé, jouant avec leur impatience comme un chat avec une souris, savourant chaque seconde où je tenais le pouvoir.
— Il n'est écrit nulle part dans mon agenda que je devais recevoir des associés aujourd'hui, dis-je d'un calme tranchant, mes mots tombant comme des couteaux dans le silence. J'ai d'autres priorités, bien plus urgentes. Je vous invite donc à prendre rendez-vous à l'avance pour que nous puissions discuter dans des conditions appropriées.
Mon regard se fixa sur eux, un éclat sournois dans mes yeux. L'ambiance dans la pièce devint électrique, un frisson parcourant l'air alors qu'ils ne pouvaient plus dissimuler leur mécontentement. Leurs visages se durcirent, mais je ne bougeai pas d'un cil. Ils devaient comprendre que je n'étais pas une proie facile et que débarquer sans invitation était non seulement impoli, mais une erreur qu'ils ne devaient pas répéter.
Woods soupira, forçant un sourire qui avait tout de la grimace, son irritation perçant à travers sa façade polie.
— Nous vous prions de nous excuser pour cette intrusion imprévue, dit-il d'une voix qui manquait de sincérité. Nous ignorions que vous fonctionnez ainsi.
— Merci pour votre compréhension, répondis-je avec un sourire radieux, savourant ma victoire. Au plaisir de vous recevoir très bientôt, messieurs.
Woods prit ma main et y déposa un baiser rapide, ses lèvres à peine effleurant ma peau avant de se redresser brusquement, comme s'il avait touché quelque chose de brûlant.
— Nous de même, madame, dit-il d'une voix sèche, s'éclipsant avec ses collègues, laissant derrière eux un parfum de défaite.
Une fois la porte refermée derrière eux, la pièce retrouva son calme. Je laissai échapper un léger soupir de soulagement. J'avais réussi à les remettre à leur place, mais l'adrénaline me laissait encore légèrement tremblante, un frisson courant le long de ma colonne vertébrale. Armon, qui avait été étrangement silencieux pendant toute la scène, restait debout près de la porte, observant tout avec une neutralité glaciale. Je me demandai une fois de plus quel était exactement son rôle ici. Était-il vraiment juste un employé ou était-il lié de plus près à ce réseau de familles puissantes ?
À ma grande surprise, un sourire fugace apparut sur son visage, éclairant brièvement ses traits d'un éclat inattendu. Je restai sans voix, ne m'attendant absolument pas à voir une telle expression chez lui. C'était la première fois qu'il trahissait cette façade impassible.
— Pourquoi souris-tu ? demandai-je, perplexe, en le dévisageant, m'accrochant à ce moment fragile.
— Je n'ai pas souri, répondit-il, effaçant instantanément toute trace de cet instant de vulnérabilité avec un retour à son sérieux habituel.
Je laissai échapper un petit rire, léger mais assez pour le déstabiliser. Ses yeux se détournèrent brièvement, révélant un malaise qu'il tentait de cacher.
— Je te laisse. Maintenant qu'ils sont partis, tu n'as plus besoin de protection, dit-il en se dirigeant vers la porte, la tension dans sa voix trahissant un malaise qu'il essayait de camoufler.
Il sortit, claquant la porte derrière lui. La solitude s'abattit sur moi de nouveau, lourde et pesante, comme un drap de plomb. Je m'efforçai de retourner à mon travail, mais la tension de la rencontre précédente me collait encore à la peau. Pour me distraire, je mis de la musique, laissant les notes douces emplir la pièce, créant un contraste réconfortant avec le tumulte intérieur que je ressentais.
Soudain, un bruit violent éclata, et la porte s'ouvrit d'un coup de pied brutal. Je sursautai, mon cœur s'emballant alors qu'Ezekiel fit irruption. Torse nu, en jogging gris, son visage déformé par une rage incontrôlée, il avançait vers moi, ses muscles tendus sous la peau, prêt à exploser. Ses cheveux en bataille ajoutaient à son apparence sauvage, comme s'il venait de sortir d'un combat.
— Anastasia, baisse-moi ce putain de son immédiatement ! hurla-t-il, sa voix rauque et colérique résonnant dans la pièce comme un coup de tonnerre.
Je levai les yeux vers lui, le détaillant sans me presser, un mélange de surprise et de défi dans le regard. Malgré sa colère palpable, je ne pus m'empêcher de remarquer les cernes sous ses yeux, le creux de fatigue qui marquait ses traits. Même les démons, apparemment, avaient leurs faiblesses.
— J'ignorais que les démons pouvaient ressentir de la fatigue, dis-je d'un ton léger, baissant finalement le volume sur mon téléphone, sans pour autant le quitter des yeux.
L'atmosphère entre nous se tendit encore davantage, une étincelle d'électricité dans l'air. Je sentais que sa rage était aussi désarmante qu'intrigante, et je ne savais pas si je devais céder ou m'accrocher à mon obstination.
— Ne me cherche pas, je ne suis pas d'humeur, cracha-t-il, sa voix pleine de mépris. Tu te crois en boîte ou quoi, poufiasse ?
— Oui, exactement, mon amour, rétorquai-je, laissant le sarcasme dégouliner de mes paroles, comme du venin sur une plaie ouverte.
Il se rapprocha rapidement, ses pas résonnant lourdement dans le silence oppressant de la pièce, amplifiant l'angoisse qui m'étreignait. Chaque seconde semblait s'étirer, la tension palpable entre nous. Je restai assise, immobile, observant son approche avec une curiosité mêlée d'appréhension, sentant son souffle chaud effleurer ma peau lorsqu'il se pencha près de moi. Ses yeux gris, sombres et enflammés de colère, étaient ancrés dans les miens, comme deux prédateurs se mesurant l'un à l'autre.
— As-tu un problème, mon cœur ? demandai-je, un sourire narquois étirant mes lèvres, défiant le danger qui émanait de lui.
Il brandit un stylo, le pointant directement vers mon œil, ses lèvres se tordant en un sourire sadique qui accentuait le frisson de terreur qui parcourait mon échine.
— Choisis. La gauche ou la droite ?
Mon cœur battait à tout rompre, mais je restai impassible, ancrée dans ma détermination. Je ne pouvais pas céder à la peur, je ne voulais pas.
— Sors de mon bureau, ordonnai-je, ma voix ferme malgré la panique qui me serrait la gorge comme un étau.
— Sinon quoi ? Son sourire s'estompa, remplacé par une lueur glaciale dans ses yeux. Tu es seule contre tout le monde dans cette maison, personne ne viendra te sauver. J'attends avec impatience le jour où tu ne nous serviras plus à rien pour te torturer à mort, murmura-t-il, chaque mot glissant de ses lèvres comme un poison mortel.
Je pris une profonde inspiration, luttant pour ne pas laisser la peur me submerger. Les larmes menaçaient d'éclore, mais je les retenais, comme une mer calme sous une tempête.
— Je sais... Mais que veux-tu que je fasse ? Vous agissez tous de manière hypocrite et hostile envers moi. Tu crois vraiment que cela passera inaperçu ? Je sentis la rage et l'humiliation se mêler, et des larmes brûlantes s'échappèrent malgré moi. Je ne suis pas aussi stupide que tu le penses, Ezekiel.
Il me fixa en silence, ses yeux, qui étaient autrefois si intenses, me transperçant comme une lame froide. Lentement, il recula, jetant le stylo sur le sol avec mépris, comme s'il se débarrassait d'un déchet. Ses traits se durcirent encore, chaque muscle de son visage se fermant dans un masque d'indifférence.
— Alors tu es stupide de rester dans un endroit où tu n'es pas la bienvenue, rétorqua-t-il, son regard maintenant vide de toute émotion, avant de tourner les talons et de quitter la pièce.
La porte claqua derrière lui, laissant un écho amer résonner dans le vide. Je restai là, le souffle court, ma poitrine soulevée par des spasmes d'émotion. Je baissai la tête, essuyant les larmes qui continuaient de couler, comme une rivière indomptable. Ma faiblesse me dégoûtait. Comment avais-je pu laisser cette situation dégénérer à ce point ?
— Mon Dieu, je suis si faible, murmurai-je en reniflant, le désespoir tordant mes entrailles, tandis que j'essuyais les dernières traces de mes pleurs. La solitude me pesait, une couche de cendres sur mon cœur, et je savais que je ne pouvais plus me permettre de perdre la bataille contre mes propres émotions.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Mystery / ThrillerQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...