40 : Contrôle

276 4 0
                                    

Le silence qui suivit son départ était lourd, étouffant, comme une couverture glaciale qu'il avait laissée derrière lui. L'écho de ses mots - une promesse de cruauté - continuait de résonner dans ma tête, sifflant comme un serpent menaçant. Je restais là, immobile, le souffle court, tandis que mon cœur battait à tout rompre, tambourinant contre ma poitrine comme s'il cherchait une échappatoire. Les ombres de la pièce semblaient s'étirer, se resserrer autour de moi, et le bureau, pourtant familier, me paraissait soudainement étranger, hostile. Je tentai de reprendre mon calme, de ralentir la cadence effrénée de mon cœur, mais l'adrénaline et l'effroi avaient planté leurs griffes en moi, refusant de lâcher prise.

J'avais franchi une ligne. C'était un point de non-retour. Et, en quittant la pièce, il avait emporté avec lui cette certitude : il n'oublierait pas.

***

Les jours qui suivirent, je m'accordai une semaine de répit, loin du QG, loin de lui. C'était un souffle d'oxygène dont j'avais désespérément besoin, un instant de fuite dans une bulle de tranquillité. Chaque journée passée sans croiser son regard perçant, sans entendre ses paroles empoisonnées, me redonnait un semblant de paix. Je passais mes journées dans une semi-solitude réparatrice, profitant d'une liberté fragile. J'avais conscience que ce répit ne durerait pas, mais j'en savourais chaque seconde, chaque silence, chaque instant de paix loin de son emprise.

Ezekiel, quant à lui, se faisait rare. Il jouait parfaitement son rôle en public, affichant une façade de leader implacable et charismatique. Mais derrière ce masque, je savais ce qui se cachait : un manipulateur froid, un prédateur calculateur qui se nourrissait du contrôle absolu qu'il exerçait. Le contraste entre l'image publique et la réalité était effrayant, presque surréaliste. Devant les autres, il était un modèle de force et de discipline, mais face à moi, il révélait une facette sombre, un abîme de cruauté que personne d'autre ne semblait voir.

Chaque interaction avec lui était un test, une épreuve de force qu'il savourait, prenant un plaisir sadique à me pousser jusqu'aux limites de ma résistance, tant physique que mentale. Mais depuis notre dernière confrontation, il y avait quelque chose de différent chez lui, une tension sous-jacente, un calme troublant qui me glaçait plus encore que sa colère.

Hier, j'avais assisté à une scène qui avait gravé en moi un sentiment de terreur pure : dans son bureau, sans un mot, sans un regard, il avait abattu trois de ses hommes d'une balle dans la tête, comme on écrase une mouche. Je lui apportais des documents, quand je l'avais vu agir avec cette indifférence glaciale, comme si la vie humaine n'était qu'un outil pour lui, un détail insignifiant dans ses plans. Je n'avais pas pu réprimer le frisson de dégoût qui m'avait parcouru.

Il me surveillait, me possédait, tel un fauve traquant sa proie, et chaque mot échangé avec un autre homme semblait attiser sa fureur silencieuse. Son regard s'était assombri la dernière fois que j'avais parlé à Armon, ses yeux réduisant la distance entre nous à un gouffre de menace silencieuse. Et comme une ombre pernicieuse, Ava n'était jamais loin. Cette vipère, complice de la possessivité d'Ezekiel, se délectait de chaque éclat de violence, souriant avec une froideur psychotique lorsque Ezekiel me repoussait brutalement, s'assurant que je restais isolée de toute forme de soutien.

Un soir, je ne pus retenir un soupir de fatigue, murmurant dans la pénombre :

— C'est épuisant... Je ne sais pas comment faire pour qu'il arrête d'agir ainsi.

Je secouai la tête, tentant de chasser cette présence étouffante de mon esprit. J'avais besoin d'échapper à cette réalité, ne serait-ce qu'un instant. Ce soir-là, en pyjama à fleurs, un verre de jus d'orange à la main, je m'installai sur mon canapé, espérant trouver dans la télévision une échappatoire temporaire. Je zappais paresseusement, cherchant quelque chose de léger, de lumineux, quelque chose qui pourrait m'arracher à ce monde d'ombres et de violence.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant