LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]

12 : « Trouve cet espion.. »

Sa voix, douce et caressante, dégoulinait pourtant d'un mépris si intense qu'il me brûlait la peau, chaque syllabe s'enfonçant en moi comme une lame froide. Il savait où frapper. Chaque mot se dressait comme une gifle invisible, me forçant à m'accrocher à ma dernière parcelle de dignité. Ma gorge se nouait, mes poumons se resserraient sous le poids de l'humiliation, mais je refusais de flancher, même si chaque fibre de mon être criait de fuir. Fuir loin de cet homme qui prenait un plaisir évident à me détruire, à me réduire en miettes, comme un prédateur jouant avec sa proie avant le coup final.

— Je ne suis pas une idiote, Ezekiel, balbutiai-je, tâchant de rendre ma voix plus forte qu'elle ne l'était. Mais elle tremblait. Je le sentais dans mes entrailles, ce tremblement, cette panique qui montait. Je sais exactement ce que je fais et ce que je vaux. Ce réseau m'appartient autant qu'à toi. Il va falloir que tu t'y habitues. Je ne me laisserai pas écraser.

Les mots étaient bravaches, mais à l'intérieur, j'étais sur le point de céder. Pourtant, Ezekiel ne sembla pas affecté par ma tentative désespérée de résistance. Son sourire s'élargit, mais ce n'était pas un sourire chaleureux. C'était celui d'un homme qui jouait avec les nerfs, qui aimait voir sa victime se débattre dans un piège qu'elle ne pourrait jamais échapper. Il se pencha vers moi, comblant l'espace entre nous avec une lenteur calculée, si proche désormais que je pouvais sentir son souffle chaud effleurer ma peau, une odeur de tabac froid et de whisky me piquant les narines. Je pouvais sentir sa chaleur et, paradoxalement, le froid glacial de la terreur s'insinuer dans mon estomac.

— Oh, je n'ai pas besoin de te faire plier, murmura-t-il avec cette voix veloutée qui me donnait envie de hurler. Tu es déjà en train de t'effondrer, Anastasia. Et tu ne t'en rends même pas compte.

Ses lèvres frôlèrent presque les miennes, et une vague de dégoût m'envahit, mêlée à une terreur sourde. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que je craignais qu'il ne l'entende. Mon souffle se faisait court, comme si l'air s'était soudain épaissi.

Puis, sans prévenir, il abattit violemment un dossier sur le bureau, les feuilles volèrent dans un chaos inattendu, se répandant comme des éclats de verre sur la surface polie du bois. Le bruit résonna dans la pièce, brisant le silence comme un coup de tonnerre. La brutalité de son geste me fit sursauter. Je baissai les yeux malgré moi, sentant mes mains trembler alors que je ramassais les papiers éparpillés.

— Regarde ça, ordonna-t-il, sa voix redevenue glaciale, un abîme sans fond.

Mes yeux parcoururent les documents, mon cœur s'emballant à mesure que je découvrais les informations contenues : des adresses secrètes, des comptes cachés, des transactions que nous avions fait en toute discrétion... Tout était là, exposé comme un cadavre sous les projecteurs. Je me sentis défaillir, une vague de panique inondant mes sens.

Quelqu'un de l'intérieur avait trahi. Quelqu'un de proche. Mon esprit s'embrouillait sous l'horreur de la réalisation.

Je levai les yeux vers Ezekiel, mon visage trahissant l'incompréhension et la peur. Comment avait-il obtenu tout ça avant moi ? Comment avait-il pu me devancer sur mes propres informations ?

Mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, sa main se referma brutalement sur ma mâchoire, si férocement que je sentis ses doigts s'enfoncer dans ma peau, envoyant une vague de douleur traverser mon visage. Un gémissement de douleur monta dans ma gorge, mais je le réprimai avec difficulté.

— Si tu coules, je coule avec toi, cracha-t-il, son souffle chaud contre ma peau, son regard fouillant le mien avec une intensité féroce. Et crois-moi, je n'ai aucune intention de me laisser entraîner par tes erreurs.

Il me lâcha avec une telle force que je faillis trébucher en arrière, mes doigts se refermant de justesse sur le bord du bureau pour me stabiliser. Mon cœur battait à tout rompre, et la peur, cette peur viscérale, me nouait l'estomac.