61 : Hôpital

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L'assaillant éclata d'un rire cruel, un son guttural qui semblait se propager dans la nuit comme une sinistre mélodie. Son arme braquée sur moi, il savourait chaque instant, prêt à appuyer sur la détente, prêt à nous anéantir. Je me sentais paralysée, la terreur s'infiltrant dans chaque fibre de mon être. Il n'y avait plus d'échappatoire, plus de miracles. Ce coin reculé de la villa, désert, baignait dans une obscurité oppressante. Personne n'allait venir nous secourir. C'était notre fin. J'allais mourir. Nous allions mourir.

Je baissai les yeux vers Ezekiel, étendu devant moi, son visage devenu pâle sous l'effet de la perte de sang. Sa respiration, faible et irrégulière, semblait s'éteindre à chaque seconde. Une vague de désespoir m'envahit, étouffant mes pensées. Dans cette tragédie, une pensée persistait pourtant, comme une lueur fragile dans la noirceur : malgré tout, j'avais connu l'amour.

D'une main tremblante, je passai mes doigts sur son visage, caressant doucement sa peau glacée, comme pour m'accrocher à un fragment de lui encore en vie. Les larmes jaillirent sans que je puisse les retenir, brûlantes, traçant un sillage de douleur et d'impuissance.

— As-tu une dernière volonté ? demanda l'assaillant avec un ton méprisant, savourant chaque seconde de sa victoire imminente. Il se délectait de notre faiblesse, de notre agonie.

Je relevai lentement la tête, le désespoir laissant place à une lueur sombre de détermination. Mes yeux, encore noyés de larmes, s'illuminèrent d'un éclat dangereux. Un sourire amer se dessina sur mes lèvres, et je sentis ma voix se transformer, glaciale, tranchante.

— Je te retourne la question, connard, soufflai-je avec une froideur cinglante. Savais-tu qu'il faut toujours vérifier les angles morts ? Alors... as-tu une dernière volonté avant de rejoindre Satan ?

L'assurance sadique sur son visage vacilla, et une ombre d'inquiétude traversa son regard. Mais il n'eut pas le temps de réagir. Un coup de feu retentit, fracassant le silence de la nuit. La balle le frappa en pleine tête, et il s'effondra devant moi, son corps inerte s'écroulant dans un bruit sourd.

Je restai figée, le souffle coupé, un instant suspendu entre incrédulité et soulagement. Armon se tenait là, l'arme encore fumante, son visage marqué par une urgence viscérale. Il s'approcha, son regard intense capturant le mien.

— Il n'y a pas de temps à perdre, déclara-t-il d'une voix dure mais chargée d'inquiétude. Il s'agenouilla auprès d'Ezekiel, le prenant délicatement par l'épaule pour le soulever. Il faut l'emmener à l'hôpital. Maintenant !

Je me redressai en hâte, chaque mouvement alimenté par une énergie désespérée, et l'aidai à porter Ezekiel jusqu'à la voiture. Armon, habituellement si calme et mesuré, laissait transparaître une panique inhabituelle. Le lien qui les unissait allait bien au-delà des querelles et des rivalités. Ils étaient frères, prêts à tout sacrifier pour se protéger l'un l'autre.

Dans la voiture, le monde autour de moi se brouilla. Mes pensées, mes peurs, tout se concentra sur une seule chose : Ezekiel. Il reposait sur mes genoux, sa respiration de plus en plus irrégulière, chaque râle me brisant un peu plus. Ses doigts glacés s'agrippaient faiblement aux miens, comme un dernier ancrage, un lien ténu entre lui et la vie.

— Ne meurs pas, je t'en supplie... murmurais-je, ma voix brisée et tremblante.

— Tiens bon, mon frère, nous y sommes presque, l'encouragea Armon, les yeux rivés sur la route, la voix tendue et trahissant la peur qu'il tentait de dissimuler.

Le trajet sembla durer une éternité, mais enfin, nous arrivâmes à l'hôpital. Une vague d'espoir me traversa quand les lumières du bâtiment percèrent la nuit. Les infirmiers se précipitèrent à notre rencontre, mais en quelques secondes, ils m'arrachèrent Ezekiel des bras, me laissant désemparée. J'essayai de le retenir, de les supplier de me laisser avec lui, mais mes jambes cédèrent sous le poids de l'épuisement et de la peur. Les bruits, les voix, tout autour de moi devint flou, comme si je me noyais dans mes propres émotions. Le monde s'écroulait, et au milieu de ce chaos, une seule pensée obsédante résonnait : Comment vivre s'il ne revient pas ?

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant