36 : « Ça reste. Ça te brule et ça te marquera à jamais. »

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EZEKIEL -

La nuit était paisible, le silence enveloppant la chambre dans une atmosphère feutrée, lorsque j'ouvris soudainement les yeux. Mon cœur battit une fois, puis une autre, tandis que je distinguais, dans la pénombre, la silhouette d'Anastasia, debout, immobile. Elle se tenait là, son regard perdu, ses yeux étrangement fixes, plongés dans une contemplation silencieuse.

Encore ce putain de somnambulisme.

Je me levai doucement, prenant soin de ne pas l'effrayer, et me plaçai face à elle. Fort heureusement, j'avais pris soin de la rhabiller plus tôt, craignant qu'elle ne s'aventure dehors sans rien pour la protéger du froid.

— Anastasia... Ma princesse, murmurai-je d'une voix apaisante. Tu devrais te recoucher.

Elle leva alors ses yeux vers moi, les sourcils légèrement froncés, un éclat d'incompréhension dans le regard, comme si elle luttait pour rassembler des souvenirs qui lui échappaient. Elle serra ses doigts et, à ma surprise, fit semblant de tenir une alliance.

— J'ai une alliance entre mes doigts, et toi aussi... sommes-nous mariés ? demanda-t-elle d'une voix brisée, presque enfantine.

Mon cœur se serra en entendant cette question, cette innocence troublante, cet abandon pur.

— Oui, soufflai-je doucement. C'est ce que tu voulais.

Un sourire timide se dessina sur ses lèvres, mais ses yeux se remplirent de larmes, et une perle salée glissa le long de sa joue. Elle semblait à la fois heureuse et confuse, perdue dans une émotion qu'elle ne pouvait nommer.

— Vraiment ? Merci de m'avoir prise pour épouse, dit-elle en étouffant un sanglot, comme si le poids de cet amour imaginaire l'écrasait.

Un frisson me parcourut, une étrange tendresse mêlée d'une inquiétude sourde. Je glissai doucement une main sur son épaule, effleurant sa peau, espérant l'apaiser, la ramener à la réalité.

— Dormons, ma belle, murmurai-je. Nous avons beaucoup à...

Mais elle interrompit mes paroles, ses yeux brillants d'une lueur douce et insaisissable.

— Pourrais-tu... pourrais-tu m'embrasser, comme lors de notre mariage ?

Ses mots flottaient entre nous, fragiles et poignants. Je n'hésitai pas, guidé par un élan qui me dépassait, et me penchai lentement, capturant ses lèvres dans un baiser empreint de douceur et de nostalgie. Elle répondit avec une intensité qui me prit de court, ses mains se glissant autour de mon cou, m'attirant plus près, cherchant dans ce contact quelque chose de précieux, d'inaliénable.

Lorsqu'elle rompit le baiser, elle se blottit contre moi, posant sa tête contre mon épaule, comme une enfant cherchant refuge.

— Je t'aime... murmura-t-elle, sa voix à peine un souffle, empli d'une sincérité bouleversante.

Je restai silencieux un instant, sentant sa respiration calme contre moi, puis laissai échapper les mots qui brûlaient sur mes lèvres.

— Moi aussi... murmurai-je, dans un murmure presque inaudible.

Doucement, je la guidai vers le lit, l'allongeant avec une tendresse infinie. Elle ferma les yeux, une expression de paix illuminant son visage. Je restai là un instant, observant ses traits détendus, chaque respiration la ramenant à un sommeil apaisé. Mon cœur, un instant accablé, s'apaisa enfin.

Je me couchai à ses côtés, fermant les yeux, soulagé, même si un éclat d'incertitude persistait, gravé dans cet étrange rêve éveillé qui m'avait touché bien plus que je ne voulais l'admettre.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant