3 : Le rejet d'Ezekiel Prescott

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Le parfum subtil qui émanait de lui effleurait mes narines, mais ce qui le suivait était une intention noire et glaciale, une promesse de douleur qui me figea sur place. L'air devint plus lourd, oppressant, tandis que ses mots s'enroulaient autour de moi, venimeux.

La fumée, s'échappant paresseusement de la bouche du jeune homme aux yeux gris, s'élevait en volutes lentes, telles des serpents traîtres, flottant dans la pièce avant de disparaître. Un sourire malsain se dessina sur ses lèvres, sinistre et narquois, me clouant sur place. L'atmosphère autour de moi semblait se densifier à mesure qu'il me fixait, son regard brûlant d'une haine froide, incompréhensible.

— Toujours aussi bizarre dans tes goûts, Olivier, ricana-t-il, un rictus tordu étirant ses lèvres. Mais vas-y... amuse-toi avec elle, elle est toute à toi.

Chaque mot était une lame qui tranchait ma chair, chaque syllabe portait une violence silencieuse, invisible mais profondément ressentie. Mon estomac se noua, un vertige m'envahit, et la nausée monta, intense. Était-ce tout ce que j'étais à leurs yeux ? Un jouet à se passer de main en main ?

Olivier s'approcha de moi, son regard brillant d'un plaisir dérangeant, comme un fauve face à une proie trop fragile pour se défendre. Il me toisa, son sourire grandissant, et je sentis une terreur sourde naître en moi, se frayer un chemin dans chaque recoin de mon être.

— Vraiment ? souffla-t-il d'une voix à la fois douce et cruelle. Son regard descendait lentement sur moi, détaillant chaque centimètre de ma silhouette meurtrie.

Mais avant qu'il ne puisse aller plus loin, une voix féminine perça l'air, tranchante comme un éclat de verre. Une femme assise à l'autre bout de la pièce, froide et calculatrice, se redressa légèrement, ses yeux marron durs fixant l'échange avec un calme glacé. Ses doigts fins jouaient distraitement avec un collier de perles, chaque geste mesuré, calculé.

— Ezekiel, rappela-t-elle avec une froideur déconcertante, tu as un contrat avec Anderson Miller et Charlotte concernant leur fille. Je doute que tu sois assez idiot pour rompre cet accord maintenant qu'ils sont morts.

La tension monta d'un cran, l'air s'électrifiant. Ses paroles flottèrent un instant dans la pièce, laissant derrière elles une atmosphère lourde et suffocante. Ezekiel ne broncha pas, un sourire moqueur étirant ses lèvres, mais je vis une étincelle de rage traverser ses yeux.

Il se leva, lentement, son corps se mouvant avec une grâce dangereuse, un prédateur prêt à attaquer. Ses yeux gris me transpercèrent, et une vague de peur s'écrasa sur moi. Mon souffle se fit plus court, et mon cœur battait désespérément dans ma poitrine, comme un oiseau paniqué frappant les murs de sa cage. Mon esprit peinait à suivre le flot d'émotions contradictoires : peur, confusion, incrédulité.

— Je refuse, gronda-t-il, ses mots chargés d'une colère froide. Je refuse que cette... chose devienne ma femme.

Les mots résonnèrent en moi comme une cloche funeste. Quoi ? Ma femme ? Je ne comprenais pas. Rien n'avait de sens. Mon esprit se mit à tourner, cherchant désespérément une logique à ce cauchemar. Les murs semblaient se rapprocher, et la pièce autour de moi s'effondrait, me broyant dans son étau invisible.

La femme aux perles, imperturbable, croisa les jambes avec une lenteur calculée, son regard perçant ne me lâchant pas des yeux.

— Il y a quinze ans, un contrat a été signé entre nos familles, Ezekiel, souffla-t-elle, une cigarette maintenant suspendue entre ses doigts. Tu ne peux pas échapper à cette réalité. Anastasia Miller est ton épouse légitime.

Les mots s'écrasèrent contre moi, lourds, dévastateurs. Un voile de fumée s'éleva entre nous, brouillant la scène, rendant tout encore plus surréaliste. Une vague d'épuisement m'envahit, mes jambes menaçant de céder sous moi. Les larmes que je m'étais efforcée de retenir jusqu'à présent dévalèrent mes joues, brûlantes.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant