Les jours passaient, et la convalescence d'Ezekiel prit une tournure qui ne cessait de surprendre le personnel médical. Sa récupération était fulgurante, à tel point que même le médecin en était perplexe, presque inquiet de ces progrès si rapides. Ce jour-là, en entrant dans la chambre, son visage se fermait, comme assombri par une gravité qui perçait malgré son ton professionnel.
— Vous vous rétablissez bien, Monsieur Prescott, mais vous devez vous ménager, avertit-il, ses mots soigneusement mesurés. Votre corps est encore en phase de guérison. Trop d'efforts, et vous risquez de tout compromettre, insista-t-il, son regard perçant d'inquiétude.
Ezekiel écouta sans ciller, les lèvres étirées en un sourire qui mêlait amusement et défi, un regard indéchiffrable masquant sa frustration.
— Me ménager ? Vous plaisantez ? Je ne peux pas rester là sans rien faire. Le réseau ne se dirige pas tout seul.
Le médecin soupira lourdement, laissant transparaître son exaspération, et son regard glissa vers moi. Dans cet échange silencieux, il semblait espérer une alliée, une présence capable de contenir l'impétuosité d'Ezekiel.
— Madame Prescott, il a besoin de repos. Essayez de le convaincre de rester calme. S'il continue ainsi, la situation pourrait rapidement se détériorer, me supplia-t-il du regard avant de quitter la pièce.
Le silence retomba lourdement, si dense qu'il en devenait presque oppressant. Assis au bord du lit, Ezekiel fixait le mur d'un regard noir, ses traits contractés, ses poings serrés, chaque muscle de son corps exprimant sa rage d'être cloué dans cette inaction forcée.
— Tu devrais écouter le médecin, murmurai-je doucement, ma voix traversant le silence comme une fine lame.
Il poussa un soupir, le son rauque et chargé de frustration. Puis, d'un mouvement brusque, il se leva, se plaçant devant moi, imposant et intimidant. Ses yeux, sombres et brûlants d'impatience, semblaient lancer des éclairs.
— Anastasia, je n'en peux plus, lâcha-t-il d'une voix rauque, ses mots empreints d'un besoin désespéré d'évasion. Apporte-moi un paquet de cigarettes. J'ai besoin de fumer.
Je fus frappée non pas par sa demande, mais par l'intensité qui l'accompagnait. Fumer n'était pas un simple vice pour Ezekiel ; c'était sa façon d'échapper à ses propres pensées, d'apaiser cette colère sourde qui grondait en lui. Pourtant, je secouai la tête, ma résolution inébranlable.
— Non, Ezekiel. Tu dois te calmer, retourner te coucher et te reposer. Comme l'a dit le médecin.
Son regard s'assombrit, s'endurcit. L'idée d'être confiné, de se retrouver impuissant, semblait l'anéantir, une menace qui le hantait bien plus que la blessure elle-même.
— Tu ne comprends pas, Anastasia, gronda-t-il, ses poings serrés, le corps tendu comme un arc prêt à se rompre. Je ne peux pas rester là à ne rien faire. Tout repose sur moi. Si je flanche, tout s'effondre.
Je perçus alors cette peur cachée, cet abîme de doutes qu'il tentait de dissimuler sous des couches de contrôle et d'assurance. J'inspirai profondément, tentant de garder mon calme face à sa colère qui montait.
— Jennifer et moi avons pris le contrôle temporaire du QG, dis-je d'une voix douce mais assurée, mes mots mesurés. Elle a déjà commencé à réorganiser les équipes... et, disons qu'elle commande comme une véritable tyran.
Un sourire fugace éclaira les traits d'Ezekiel, une lueur ironique qui perça malgré son humeur sombre.
— Jennifer ? Tyran ? Ça ne m'étonne pas, répondit-il, un amusement ironique teintant sa voix grave.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Misteri / ThrillerQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...