83 : Penser à autre chose...

1.3K 45 0
                                        

Ma voix s'éteignit dans un murmure tremblant. Le Dr Wilson ne broncha pas, son regard rempli d'empathie ne vacilla pas une seconde. Elle attendit, respectant mon silence, laissant les mots flotter dans l'air, comme pour m'accorder l'espace nécessaire pour respirer à nouveau.

— Je ne suis pas ici pour prétendre que je comprends parfaitement ce que tu traverses, dit-elle finalement, sa voix aussi douce que ferme. Mais je suis ici pour t'accompagner. Personne ne devrait porter ce poids seule. C'est un fardeau qui peut te détruire, mais tu n'es pas obligée de le porter seule.

Je baissai les yeux, mes doigts crispés sur la couverture du lit. Elle ne savait pas à quel point ce poids m'écrasait, me poussant vers un abîme dont je ne voyais pas le fond. Mais alors que je restais là, prise au piège dans ma propre tourmente, je sentis la pression de la main d'Ezekiel se resserrer légèrement autour de la mienne. Il ne disait rien, mais sa présence silencieuse était là, constante, un rappel que, même dans ce cauchemar, il tenait à moi.

Le Dr Wilson se leva doucement, et je vis, du coin de l'œil, qu'elle sortait une petite carte de son sac. Elle la déposa sur la table de chevet, puis se tourna vers moi, toujours avec cette même bienveillance dans le regard.

— Si tu veux parler, à n'importe quel moment, je suis disponible, dit-elle. Il n'y a pas de pression, Anastasia. Juste quand tu te sentiras prête.

Elle échangea un bref regard avec Ezekiel avant de quitter la pièce, sa démarche légère et silencieuse. La porte se referma derrière elle avec un léger claquement, laissant à nouveau Ezekiel et moi seuls dans cette pièce baignée par la lumière dorée du matin.

Je sentis une vague de fatigue m'envahir. Mon corps, engourdi par l'épuisement émotionnel, semblait sur le point de céder. Ezekiel me tira doucement contre lui, et je me laissai faire, appuyant ma tête contre son torse. Je pouvais entendre les battements réguliers de son cœur, et dans ce bruit rassurant, je trouvai un maigre réconfort.

— Je suis désolé, murmura-t-il finalement, brisant le silence. Désolé de ne pas avoir été là. Je ne sais pas comment réparer ça, mais je te promets que je ne te laisserai plus jamais seule.

Ses mots étaient emplis de sincérité, et bien qu'une partie de moi veuille encore le repousser, une autre s'accrochait désespérément à cette promesse. Peut-être qu'il n'était pas parfait, peut-être que rien de tout cela ne le serait jamais. Mais à cet instant précis, je me raccrochais à l'idée que nous pourrions surmonter cette épreuve, ensemble.

Je fermai les yeux, mes larmes se tarissant enfin, laissant place à une épuisante tranquillité. Je n'étais pas sûre de ce que demain me réservait, mais pour l'instant, je me laissai bercer par la chaleur de ses bras, en espérant qu'ils suffiraient à me maintenir à flot.

***

Quelques heures plus tard, je m'éveillai de ma sieste, une lourdeur pesant toujours sur mes épaules. Les événements de la veille étaient comme des ombres accrochées à ma conscience, mais quelque chose en moi avait changé, un besoin de bouger, de ne plus rester enfermée dans ce silence oppressant. Je tournai la tête et vis Ezekiel debout devant la porte, son regard rivé sur moi avec cette intensité silencieuse qu'il avait toujours eue.

— Je veux sortir, dis-je, ma voix plus ferme que je ne l'avais imaginé.

Ezekiel fronça immédiatement les sourcils, son visage se plissant d'une inquiétude palpable.

— C'est trop dangereux, Anastasia. En ville, ce serait imprudent. Il pourrait encore y avoir des hommes de Viktor, murmura-t-il en secouant la tête. Mais ici... tu pourrais te détendre à la piscine ou peut-être lire un peu.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant