38 : Rumeur

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Un silence glacial envahit la pièce, la tension électrisant l'air entre nous. La rage brûlait dans mes veines, et je vis cette même lueur de colère danser dans les yeux d'Ava. Ezekiel, quant à lui, semblait étrangement détaché, absorbé dans un jeu qui n'appartenait qu'à lui. Ses mains, insidieuses, glissèrent lentement le long de mes jambes, ses doigts remontant avec une lenteur calculée, me faisant frissonner malgré moi.

Je le fusillai du regard, attrapant sa main pour l'arrêter.

— C'est pas le moment, murmurai-je, visiblement embarrassée.

Un sourire narquois étira ses lèvres, et il m'offrit un baiser fugace au creux du cou.

— C'est toujours le bon moment, murmura-t-il d'une voix basse et veloutée.

Ava nous observait, un mélange d'amertume et de désespoir dans le regard. Elle sembla hésiter un instant, avant de se redresser, le menton relevé dans une vaine tentative de dignité.

— Malheureusement pour moi, il ne veut plus de moi, admit-elle avec un soupir, ses mots dégoulinant de regret mal dissimulé. Mais sache que j'aurais été prête à tout pour lui... même à me mettre à genoux. Vous ne réalisez même pas la chance que vous avez d'avoir un homme comme lui à vos côtés. Vous êtes bien trop égoïste pour le comprendre. Et puis, si l'on en croit certaines rumeurs... Vous et Armon... ne seriez pas de simples alliés.

Sa remarque figea le temps. Les mots, calculés pour frapper là où ça faisait mal, étaient un poison qu'elle distillait habilement. La vipère savait exactement ce qu'elle faisait. Mon sang bouillonna, et sans réfléchir, je me levai d'un bond pour m'approcher d'elle, sentant la colère vibrer dans chaque fibre de mon être.

— Attention à ce que tu dis, crachai-je, mes lèvres se tordant en un sourire narquois. Ne dépasse pas les bornes avec moi, Ava. Je ne suis pas ton amie. Reste à ta place, sois la gentille chienne loyale que tu prétends être, mais ne viens pas me chercher.

Un éclat d'hésitation traversa son regard, juste une fraction de seconde, avant qu'elle ne resserre les mâchoires. Elle recula légèrement, un geste à peine perceptible, mais suffisant pour trahir le doute qui l'avait effleurée. Pourtant, elle n'était pas prête à lâcher prise.

Enfin, Ezekiel bougea, se levant de son fauteuil avec une lenteur délibérée, savourant l'effet de sa propre mise en scène. Son ombre imposante nous dominait toutes les deux, et le regard calculateur qu'il nous lançait ajoutait une intensité insoutenable. Son sourire, mince et cruel, trahissait un plaisir sadique à nous voir nous déchirer sous ses yeux.

— Les documents sont bien rédigés, Anastasia, déclara-t-il avec une froideur acérée. Mais... tu t'es trompée sur ton nom de famille.

Je le fixai, stupéfaite, cherchant à comprendre ses paroles. Une confusion s'installa, puis une frustration montante.

— Comment pourrais-je me tromper sur mon propre nom ? répondis-je, perplexe.

Il tendit les papiers vers moi, ses yeux de glace ne lâchant pas les miens.

— Anastasia Prescott. Voilà ton nom. Pas Miller.

Un frisson me parcourut, glacé et cinglant. J'avais écrit « Miller » par automatisme, presque machinalement, comme un souvenir d'un passé que je pensais effacé. Dans sa bouche, ce nom résonnait comme un couperet, un rappel douloureux de mon statut ambigu.

Était-ce une façon de me rappeler ma place ou une autre manipulation pour me maintenir sous son joug ?

Je tentai un sourire timide, dissimulant le trouble qui me gagnait. Mais Ezekiel ne détourna pas son regard, me transperçant d'une froideur implacable. Son attention se porta alors sur Ava, qui observait la scène, un amusement cruel dans les yeux.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant