54 : Une réunion tendue

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Quelques heures plus tard, après m'être changée grâce à lui, je pénétrai dans une salle de réunion encore plus vaste et opulente que les précédentes. Les hauts plafonds et les tentures imposantes conféraient au lieu une solennité presque funéraire. C'était comme entrer dans l'antre d'un tribunal silencieux, où chaque murmure semblait peser des tonnes, où les murs, froids et imposants, semblaient porter un jugement invisible sur chaque âme présente. Une tension écrasante flottait dans l'air, donnant à l'assemblée l'allure d'un champ de bataille sans épées, mais tout aussi dangereux.

Assise à côté d'Ezekiel, le meneur incontesté de cette réunion, je balayais la salle du regard, m'imprégnant de chaque détail, chaque expression des convives, tous accaparés par leurs propres pensées. Je sentais leurs yeux glisser vers moi, furtifs, cherchant à évaluer ma valeur, jaugeant silencieusement celle qui, aux côtés d'Ezekiel, représentait une menace imprévue. Des murmures rampaient jusqu'à moi, acérés comme des poignards bien aiguisés, traînant derrière eux une odeur de mépris à peine dissimulé.

— C'est elle... La femme d'Ezekiel Prescott ? souffla une voix féminine, chaque mot imprégné d'une acidité qui me frappa en plein cœur. Elle a l'air... incompétente.

— Une femme à la tête du réseau des Prescott ? Quelle absurdité, grogna un vieillard d'un ton cassant, comme s'il parlait d'une hérésie. Je crains de perdre mon temps ici.

Leurs mots me frappèrent de plein fouet, s'infiltrant sous ma peau comme du venin. Je restai impassible, un masque de calme dissimulant le tumulte qui grondait en moi. Mes yeux restaient fixés sur Ezekiel, qui, en plein discours, tourna à peine la tête vers moi. Un léger froncement de sourcils me révéla qu'il avait perçu, lui aussi, les murmures qui couraient dans la salle. Il soutint mon regard avec une intensité rassurante, et, dans un échange muet, me rappela que je n'étais pas seule face à ces vautours.

Tania, toujours prompte à défendre, se racla la gorge et lança un regard noir à l'assemblée, un regard capable de réduire n'importe qui en cendres. Mais elle ne s'arrêta pas là.

— Fermez-la, les vieillards, cracha-t-elle avec un dédain tranchant, chaque mot comme un coup de fouet. Vos bavardages me donnent envie de vomir. Allez répandre votre bile ailleurs avant que je ne m'assure que vous le regrettez amèrement.

— Comment osez-vous manquer de respect à vos aînés ? s'emporta le vieillard, sa voix tremblante de colère, attirant l'attention des autres, tel un prédateur blessé attirant les vautours autour de lui.

— Mais tu vas la fermer ! répondit Tania avec une impudence glaciale, un éclat de défi dans les yeux.

Ezekiel, imperturbable, alluma une cigarette, le geste lent et calculé. Il croisa les jambes avec l'arrogance d'un roi dans son propre royaume, et arrangea d'un geste tranquille ses cheveux, un sourire sadique jouant sur ses lèvres, comme s'il savourait le spectacle qui se déroulait sous ses yeux.

— Ah... je vois qu'il y a des distractions plus intéressantes que cette réunion, lança-t-il d'un ton nonchalant, chaque mot dissimulant une menace subtile. Monsieur Christophe, madame Eleane, avez-vous enfin terminé de salir le nom de ma femme ? Il me semblait pourtant que vous souhaitiez collaborer avec les Miller. Vous savez, ce groupe qui prospère actuellement. Alors, dites-moi, savez-vous qui tire les ficelles de cette organisation ? Non ? Je me ferais un plaisir de rafraîchir vos mémoires, mais je doute que la réponse vous plaise.

Un silence épais s'abattit sur la pièce, une chape de plomb où chaque seconde pesait lourd. Monsieur Christophe et madame Eleane échangèrent un regard tendu, déstabilisés. Ils se levèrent, tentant de masquer leur gêne derrière des sourires forcés, une assurance feinte qui ne trompait personne.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant