81 : Lutter

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Chaque mot d'Hugo résonna comme un coup, ébranlant mes défenses avec une violence que je n'avais pas anticipée. Mon cœur se serra si fort que je crus que l'air me manquait. Il savait. Tout. La vérité pesait sur moi, comme une chape de plomb, me privant presque de mes réflexes. Une fine sueur perlait sur mon front, mais je n'avais pas le luxe de céder à la panique. Je devais trouver un moyen de gagner du temps, de détourner son attention, ne serait-ce que pour quelques précieuses secondes.

— Comment ça ? feignis-je, mon ton volontairement léger, espérant qu'il y avait encore une issue dans cette conversation mortelle.

Il éclata de rire, un son froid, tranchant, aussi glacé que l'acier. Ce n'était pas un rire de plaisir, mais celui d'un homme qui savourait son triomphe.

— J'ai essayé de vous avoir, Anastasia. Par tous les moyens. Mes hommes... ils mouraient mystérieusement, l'un après l'autre. J'ai d'abord pensé que votre mariage avec Ezekiel n'était qu'un contrat politique. Un arrangement sans amour. Je pensais qu'il ne tenait pas à vous... Mais de là à vous protéger avec tant de férocité ? Admettez-le, même moi, je suis surpris.

Sa confession me frappa de plein fouet. Il avait déjà tout deviné, chaque piège, chaque mouvement. Mon masque était tombé, et il jouissait de la moindre fissure dans mon contrôle. J'étouffai un rire nerveux, qui vibra étrangement dans l'air calme du jardin. Le son, presque hystérique, trahissait mon angoisse grandissante.

— Eh bien, murmurai-je en levant le menton, tentant de récupérer la moindre parcelle de pouvoir. Ça ne change rien, Hugo. J'ai toujours eu un faible pour les hommes plus âgés.

Un sourire sinistre se dessina sur ses lèvres alors qu'il allumait une cigarette avec une lenteur presque rituelle. Il prit son temps, savourant chaque geste comme s'il savait que cela me torturait, l'attente, l'angoisse, l'incertitude. Le crépitement du tabac embrasé ressemblait au signal du pire à venir, et la fumée qui s'élevait entre nous voilait son regard perçant, mais je pouvais encore sentir sa haine brûlante à travers elle.

— Depuis le premier jour où je vous ai vue, Anastasia, dit-il, la voix sourde et menaçante, j'ai su que vous étiez spéciale. Vous m'avez intrigué... Mais vous savez ce que je préfère chez les femmes ? Elles sont bien plus dociles quand elles sont mortes. Elles, au moins, ne trahissent jamais.

Le monde sembla se figer autour de moi à ces mots. Avant que je ne puisse réagir, il se jeta sur moi, avec une force animale, sauvage. Mon corps fut projeté au sol, l'air quittant mes poumons d'un coup violent. Le choc m'étourdit, et pendant une fraction de seconde, j'étais incapable de bouger, la terre ferme sous moi tournant dangereusement. Mais l'adrénaline coula rapidement dans mes veines, réveillant mon instinct de survie. Je me débattais avec la férocité d'une lionne acculée, mes mains cherchant désespérément à le repousser, mes jambes s'agitant pour le déséquilibrer. Un coup de poing bien placé l'atteignit à la mâchoire, et il vacilla légèrement, assez pour que je me redresse à moitié.

Mais il revint aussitôt à la charge. Ses mains puissantes attrapèrent mes chevilles et, avec une brutalité froide, il me tira de nouveau vers lui. Mon crâne heurta le sol avec un bruit sourd, la douleur éclatant dans ma tête comme un millier d'étoiles. Le goût du sang emplissait ma bouche, mais je ne pouvais pas m'arrêter. Je ne pouvais pas mourir ici.

— Lâche-moi, espèce de chien ! crachai-je, ma voix tremblant de rage autant que de terreur.

Hugo se redressa légèrement, essuyant le sang qui coulait de sa lèvre fendue, et un sourire déformé apparut sur son visage. Ses yeux brillaient d'une folie indicible.

— Ezekiel est un idiot... comment a-t-il pu épouser une femme aussi pathétique que toi ? grogna-t-il, tout en s'avançant vers moi comme un prédateur certain de sa victoire.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant