LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]

4 : Ambiance angoissante - partie 1

Tania s'éloigna vers la salle de bain, laissant couler un bain chaud. Le son de l'eau emplissait la pièce, créant un contraste étrange avec le silence pesant qui m'enveloppait depuis mon arrivée ici. L'idée d'un moment de répit dans l'eau chaude aurait dû me soulager, mais une tension sourde restait tapie au fond de moi. Méfiance.

Ne fais confiance à personne.

Pourtant, Tania était la seule à m'avoir offert quelques mots, une humanité fragile dans ce lieu de glace.

— C'est prêt, Anastasia, appela-t-elle depuis la salle de bain, sa voix douce se mêlant au bruit apaisant de l'eau.

Je me levai lentement, chaque mouvement me rappelant la fatigue qui engourdissait mes muscles. Mon corps semblait avoir encaissé chaque coup invisible, chaque attaque mentale depuis que je m'étais retrouvée ici. Retirant mon pyjama en satin rouge, je fus soudain envahie par un malaise profond. Le tissu glissa sur ma peau comme un adieu, me laissant exposée, vulnérable. Le regard de Tania ne se détourna pas, et je sentis une brûlure monter dans mes joues.

— Tu pourrais me laisser seule ? demandai-je, tentant de dissimuler mon corps derrière mes bras croisés, la honte se mêlant à l'épuisement.

Elle hocha la tête sans un mot de plus, un sourire doux aux lèvres, avant de quitter la salle de bain en silence. La porte se referma doucement, m'offrant enfin un espace de solitude.

Je poussai un long soupir de soulagement, glissant dans l'eau chaude avec précaution. La chaleur envahit mes membres fatigués, dénouant légèrement les tensions accumulées. Mais alors que mon corps se détendait, mon esprit lui, refusait de lâcher prise. Une lourde tristesse s'empara de moi, insidieuse, écrasante. Je levai les yeux vers le plafond richement décoré, cherchant une distraction dans les délicates moulures qui parsemaient les murs. Elles semblaient s'effacer à mesure que mes larmes brouillaient ma vue.

Comment vais-je m'en sortir ? Je me sentais perdue, piégée dans un cauchemar dont je ne voyais pas l'issue. Seule, dans cette maison étrangère, entourée d'inconnus qui ne m'offraient qu'une politesse froide, je sentais le poids du monde sur mes épaules. Une peur viscérale montait en moi, me paralysant peu à peu.

Depuis mon enfance, mon père m'avait toujours poussée, m'entraînant à une réalité dont je ne comprenais pas l'importance à l'époque. Il me faisait entrer dans son bureau, me montrait des dossiers, me forçait à comprendre des chiffres et des stratégies alors que d'autres enfants jouaient dans la cour. Je détestais ces moments, me sentant privée d'une enfance normale. Mais maintenant, je réalisais que tout cela n'était qu'une préparation à ce monde cruel dans lequel il savait que je devrais évoluer. Peut-être que son enseignement, si dur à accepter, serait ma seule planche de salut ici.

Je sortis du bain, l'eau chaude ayant calmé mes muscles mais pas mes pensées. En enfilant un peignoir épais et doux, je réalisai que Tania était toujours là, debout près du lit, des sacs en main.

— Jennifer m'a demandé de te ramener ces vêtements. J'espère que ça te plaira, dit-elle en déposant les sacs sur le lit avec un sourire presque bienveillant.

— Merci, murmurai-je.

La méfiance me rongeait. Était-ce un geste sincère ou un piège déguisé ? Chaque geste, chaque parole dans cette maison semblait avoir un double sens. Les vêtements offerts pouvaient être un cadeau empoisonné, un moyen de m'acheter, de m'enchaîner à une dette invisible.

— Demain, si tu veux, nous irons faire du shopping avec la carte de crédit d'Ezekiel, ajouta Tania, son regard brillant d'un enthousiasme presque innocent.