55 : Un rêve...

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Je restai silencieuse, rongeant ma colère, mes pensées s'entrechoquant dans un tumulte rageur. Ignorant les mots doux d'Ezekiel, j'accélérai le pas, mes talons martelant le sol avec une détermination fiévreuse. Enfin, je poussai la porte de mon bureau, prête à m'y enfermer pour calmer la tempête intérieure. Mais Ezekiel, rapide comme un fauve, referma la porte derrière lui d'un mouvement brusque. Avant que j'aie le temps de m'asseoir, ses mains m'agrippèrent la taille, me plaquant fermement contre lui, dos à son torse. Son étreinte était chaude, puissante, presque possessive, et, malgré moi, je sentis ma tension s'atténuer.

— Laisse-moi tranquille, Ezekiel, murmurai-je, mais ma voix trahissait ma détermination, faible, presque tremblante.

Il approcha ses lèvres de mon oreille, et sa voix basse vibra d'une tendresse inquiétante.

— Je ne te lâcherai jamais, susurra-t-il, ses mots infusés d'une possessivité sombre et implacable. Pas maintenant, ni jamais.

Je demeurai immobile, partagée entre l'envie de fuir et l'attrait magnétique de son étreinte. Un silence lourd de sentiments contradictoires s'installa, envahissant la pièce. Mais soudain, l'étau de mes émotions éclata, et sans vraiment réfléchir, je brisai ce calme oppressant.

— Je veux prendre des vacances, Ezekiel, lâchai-je d'un ton abrupt, presque désespéré.

Son corps se tendit aussitôt. Ses bras se relâchèrent lentement, me libérant, et il me tourna vers lui, ses yeux rivés aux miens, cherchant une explication.

— Des vacances ? répéta-t-il, incrédule, comme s'il ne comprenait pas la portée de mes mots.

— Oui, murmurai-je en détournant le regard. J'ai besoin de m'éloigner... de tout ça. Juste un moment. Voir autre chose. Sentir le monde avec d'autres yeux, des yeux libres... des yeux plus légers.

Son silence, plus intimidant encore que sa voix, envahit la pièce comme une vague noire prête à déferler. Dans ses yeux, une lueur sombre apparut, glaciale, comme une ombre de plus en plus épaisse.

— Le monde est dangereux, Anastasia, dit-il enfin, d'un ton grave et tranchant. Il est rempli de dépravés et de monstres qui n'attendent qu'une faiblesse pour dévorer les plus vulnérables. Tu veux des sorties, des fêtes, des concerts ? Ce ne sont que des illusions. Des distractions pour les gens naïfs. Tu es ma femme. Dans notre monde, il n'y a pas de place pour ces fantasmes.

Ses mots me frappèrent de plein fouet, cinglants, détruisant d'un coup la petite lueur d'espoir que j'avais osé formuler. Je levai les yeux vers lui, bouleversée par la froideur de ses paroles, par leur brutalité implacable.

— C'est de la folie de penser que tu peux vivre comme n'importe quelle fille normale, ajouta-t-il, s'approchant de moi encore, son ombre envahissant tout l'espace, me réduisant à néant sous sa dominance écrasante. Tu crois que le monde est beau ? Il est pourri, corrompu jusqu'à la moelle. Il attend que tu faiblisses, que tu baisses ta garde, pour te dévorer tout entière. Tu n'as pas le luxe de rêver d'une vie facile. Pas quand tu es ma femme.

Ces mots résonnèrent dans la pièce comme une sentence irrévocable, me laissant en suspens, figée. Mon cœur se serra, tiraillé entre la réalité implacable qu'il dépeignait et le désir désespéré d'une liberté que je ne pouvais même plus concevoir. Le regard intense qu'il me lança ne laissait aucun doute : Ezekiel ne me laisserait jamais partir. Pour lui, j'étais sa propriété, un joyau précieux enfermé dans un écrin doré, destiné à briller dans son univers à lui, et nul part ailleurs.

Et pourtant, alors que ses mots perçaient mes illusions, quelque chose en moi se redressa, comme une braise fragile qui refusait de s'éteindre. Une flamme ténue, de rébellion, d'indépendance. Elle n'était qu'une lueur, vacillante, presque évanescente... mais elle était là, prête à grandir. Prête à défier même la noirceur glaciale d'Ezekiel.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant