L'homme m'adressa un sourire venimeux, et, avec une lenteur calculée, tira un couteau de sous sa veste. La lame reflétait la lumière des réverbères, projetant sur mon visage des éclats métalliques qui semblaient percer jusqu'à mon âme. La terreur s'insinua dans mes veines, paralysant chaque fibre de mon corps.
— Je suis désolé, susurra-t-il, son ton moqueur suintant de mépris. On m'a demandé de te ramener... une partie de toi. Mais avant, pourquoi ne pas s'amuser un peu ?
Avant même que mon esprit n'assimile ses mots, mon corps réagit instinctivement. D'un bond, je me levai, tentant de fuir, mais mes talons s'enfoncèrent dans la terre meuble, me faisant trébucher. Je chutai lourdement, un gémissement de douleur m'échappant.
Avant que je ne puisse reprendre mes esprits, une main brutale s'empara de mes cheveux, me tirant en arrière avec une force dévastatrice. Je hurlai, mais mon cri se perdit dans l'immensité noire de la nuit. La lame glacée du couteau effleura ma gorge, un contact si froid et menaçant qu'il paralysa jusqu'à mon souffle.
— Lâche-moi ! hurlai-je, la voix brisée par la terreur, alors que le couteau pressait davantage contre ma peau.
— Calme-toi, ma belle, murmura-t-il d'une voix suave, sa respiration fétide brûlant contre mon oreille. Ça va être rapide.
Il me jeta au sol avec une violence animale, m'écrasant sous son poids. Ses mains rugueuses agrippèrent ma robe, la déchirant sans hésitation. La peur pure et viscérale m'enveloppa, m'étranglant, et je laissai échapper un cri, un cri arraché du fond de mes entrailles.
Sa main s'abattit sur mon visage, avec une force si brutale que ma vision se brouilla, les contours du jardin se fondant en un flou chaotique. La douleur explosa dans mon crâne, mais au milieu de cette confusion et de ce vertige, un instinct primal, féroce, se réveilla en moi. Ignorant la panique, je rassemblai mes dernières forces, plantant mes ongles dans ses yeux avec une rage désespérée.
— Sale pute ! rugit-il, reculant un instant, son visage déformé par la fureur. Je vais te tuer, et cette fois, lentement !
Profitant de ce moment de répit, je me redressai en trébuchant, le cœur battant à tout rompre, chaque muscle tendu vers une unique impulsion : fuir, trouver une échappatoire. Mes yeux, affolés, balayèrent le jardin à la recherche d'une issue, mais soudain, le claquement sec d'un pistolet éclata, fendant l'air. Le bruit me figea sur place, glacée par une terreur pure et implacable. Lentement, trop lentement, je me retournai, mon souffle suspendu.
L'homme tenait maintenant un pistolet pointé droit sur moi, ses yeux glacés, implacables, comme s'il ne voyait en moi qu'un obstacle à effacer. Le temps sembla se figer, chaque seconde s'étirant dans la terreur imminente de la mort qui m'attendait.
La fin me parut si proche, si inévitable. Mon cœur battait à une cadence affolée, et chaque souffle s'étranglait dans ma gorge, l'air devenu trop lourd, trop oppressant. La peur brouillait mes pensées, noyait tout espoir...
Et puis, une ombre surgit. Avant que je puisse saisir ce qui se passait, Ezekiel apparut, tel un spectre venu de nulle part. Dans un éclair de mouvement, il se jeta devant moi, son corps s'interposant entre la mort et moi. Le coup de feu retentit, déchirant le silence de la nuit. Le son résonna dans mes oreilles, assourdissant, terrifiant, comme un glas funeste.
Ezekiel tituba sous l'impact, et l'instant devint irréel. Je le vis vaciller, comme au ralenti, tandis que le monde entier semblait s'effondrer autour de moi.
— EZEKIEL ! hurlai-je, ma voix éclatant dans l'air, brisée, désespérée.
Il s'effondra contre moi, son poids m'entraînant au sol avec lui. Ses bras, désormais lourds, m'entouraient dans un geste protecteur, mais la chaleur de son sang, visqueuse et cramoisie, s'étendit sur mes mains tremblantes, maculant sa chemise blanche d'une tâche écarlate. Mes doigts, tremblant de terreur et de désespoir, cherchèrent la source de l'hémorragie, tentant de contenir cette vie qui s'échappait.
— Non, non, non... soufflai-je, ma voix étranglée par la panique. Ezekiel, reste avec moi, s'il te plaît !
Je pressai mes mains tremblantes sur sa blessure, mais c'était vain. Le sang s'échappait en un flot ininterrompu, glissant entre mes doigts comme une marée cruelle et inéluctable. Sa chemise, son corps tout entier, baignait dans cette couleur écarlate, ce rouge funeste qui s'insinuait dans mes veines, me glaçant le cœur.
— Tu n'as pas le droit de m'abandonner, Ezekiel ! sanglotai-je, la voix brisée. Tu as promis... Tu as promis qu'on serait toujours ensemble ! Que rien ne nous séparerait !
Mes paroles se perdaient dans l'air, noyées dans un sanglot étouffé qui résonnait comme un écho de désespoir. Tout autour de moi semblait se dissoudre. Le monde perdait ses contours, ses couleurs, comme un cauchemar où le temps s'étire et nous emprisonne. Il n'y avait plus rien d'autre que lui et moi, piégés dans cette agonie silencieuse.
Je voyais la douleur dans ses yeux, mais aussi autre chose... un éclat, fragile, vacillant, mais tenace. Avec une lenteur infinie, il leva une main tremblante vers mon visage, ses doigts effleurant ma joue dans une ultime caresse. Ce contact, si léger, portait une tendresse poignante.
— Je... ne t'abandonnerai jamais... murmura-t-il dans un souffle rauque, presque inaudible, chaque mot déchirant et précieux.
Ces mots, fragiles, imprégnés de vérité, se plantèrent en moi comme des poignards. Je serrai sa main contre ma joue, mes larmes se mêlant à son sang, suppliant que cette promesse soit vraie, que cela ne soit pas la fin.
— Reste avec moi, Ezekiel... je t'en supplie... murmurai-je, la voix étouffée par la panique et l'impuissance.
Mais ses paupières devenaient de plus en plus lourdes, son regard flou, comme s'il se retirait déjà de ce monde. Il m'échappait, glissant entre mes doigts comme du sable balayé par le vent, emportant avec lui chaque fragment de mon cœur.
Sa main se détendit doucement contre la mienne, et son corps, chaque seconde, semblait s'alourdir davantage. Son souffle s'étiolait, mais il existait encore, mince, fragile. Cela seul comptait. Il était encore là, quelque part, luttant pour moi. Ses lèvres, même dans l'inconscience, esquissaient un mince sourire en coin.
— Ne t'inquiète pas, murmurai-je, mes doigts glissant dans ses cheveux avec une douceur désespérée. Je vais te sortir de là, Ezekiel. Je te sauverai... comme tu m'as sauvée.
Mes larmes coulaient sans fin, brûlantes et silencieuses, mais quelque chose au fond de moi se redressait, se renforçait. Ce n'était pas la fin. Pas tant qu'il respirait. Pas tant que je pouvais encore me battre pour lui.
Une voix déchirante vint briser l'instant, un ricanement sordide, chargé de malveillance.
— C'est enfin mon jour de gloire, déclara l'assaillant, sa voix glaciale trahissant une satisfaction morbide. J'ai le chef des Prescott à mes pieds, et sa femme entre mes mains. Je ne pourrais pas rêver mieux.
Ses mots se répercutaient dans l'air, comme une promesse sinistre et impitoyable. Son ombre s'étendait autour de nous, enflant, s'étirant comme pour étouffer le dernier souffle d'espoir. Mais sous cette couche de peur et de haine, une colère grandissait en moi, une rage froide et impitoyable. Cette scène d'horreur ne serait pas la fin de notre histoire. Le récit de cette nuit n'était pas encore écrit.
Je posai un dernier regard sur Ezekiel, dont le souffle faible continuait de battre faiblement dans la nuit. Ce fil ténu qui le reliait encore à la vie était la flamme qui alimentait ma détermination.
— Tu crois que tu as gagné ? lâchai-je, ma voix grondante, chargée d'une intensité nouvelle.
L'assaillant plissa les yeux, pris de court par le ton menaçant de ma voix. La peur et la rage se mélangeaient, créant une force brute qui me brûlait de l'intérieur. Je n'avais plus rien à perdre, mais lui, il allait tout perdre. Un sourire froid et résolu se dessina sur mes lèvres.
— L'histoire ne se termine pas ce soir, murmurai-je, mon regard se durcissant.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Mystère / ThrillerQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...