68 : L'ombre des assassins - partie 2

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Je restai pétrifiée, mes doigts crispés autour de la poignée comme un dernier ancrage à la réalité. Mes jambes, paralysées par une peur viscérale, refusaient de répondre à mon cerveau qui me hurlait de fuir. Un bruit résonna de nouveau dans la maison, plus proche, comme des pas lourds et mesurés, chaque écho martelant l'air avec une lenteur implacable. Quelque chose — ou quelqu'un — avançait dans les ténèbres, traquant avec une patience méthodique.

— Il faut sortir d'ici, dis-je, ma voix se brisant sous le poids de l'angoisse, chaque mot m'étranglant un peu plus.

Je tirai désespérément sur la poignée, y mettant toute ma force, mais rien n'y fit. La porte restait scellée, indifférente à ma panique. Mon cœur battait si vite que je sentais son rythme sous ma peau, chaque pulsation brûlant dans mes tempes, rendant chaque seconde plus insupportable.

Valentina me saisit par le bras et me tira en arrière, arrachant mes mains tremblantes de la porte.

— On doit se cacher, vite ! murmura-t-elle, ses yeux fixes et perçants, sa voix tendue comme un fil prêt à se briser.

Nous courûmes vers la cuisine, nos pas résonnant de manière discordante dans ce silence oppressant. À peine entrées, Valentina éteignit sa lampe, plongeant la pièce dans une obscurité totale. Le silence, encore plus oppressant qu'avant, nous enferma dans une bulle de terreur partagée, nos respirations hachées nous trahissant.

Puis, une silhouette apparut dans l'encadrement du salon. Mon cœur se figea. L'ombre était imposante, chaque mouvement soigneusement calculé, ses pas résonnant d'une froide détermination. Un clic métallique brisa le silence : un pistolet venait d'être armé. L'air devint glacial, ma peau se hérissa, et je restai pétrifiée, incapable de faire le moindre geste. L'homme scrutait la pièce, cherchant sa cible. Il sortit alors son téléphone et, à ma terreur grandissante, passa un appel.

De l'autre côté du fil, une voix familière résonna. Mon sang se glaça. Ce n'était pas Hugo. C'était cette voix de la soirée masquée, celle d'un homme dont la présence avait laissé en moi un malaise tenace, comme s'il savait des choses que je n'aurais jamais voulu qu'il découvre.

— Elle n'est pas là, marmonna l'homme, sa voix rauque flottant dans l'air. Elle doit être planquée quelque part. Incroyable, j'ai pu entrer dans cette foutue maison sans qu'on me repère... un miracle.

Il éclata d'un rire âpre, un son acide et glaçant qui fit courir un frisson le long de mon dos.

— Elle est peut-être sortie, répliqua la voix à l'autre bout du fil, imperturbable.

— Impossible. Kevin a verrouillé toutes les portes de l'extérieur, et il semblerait qu'elle n'était pas seule, ajouta l'homme, son ton trahissant une irritation froide.

— Alors tue-la, ordonna la voix, aussi glaciale qu'une lame d'acier. Et récupère les documents du réseau des Miller.

L'air me manqua. Ils savaient. Ils savaient pour le réseau, pour Ezekiel. Ils étaient prêts à tout pour l'obtenir, même à répandre mon sang. Je devins soudain consciente de chaque battement de mon cœur, chaque souffle désespéré. Ma vie ne valait rien pour eux.

L'homme poussa un grognement agacé, ses yeux furetant autour de lui dans la pénombre.

— Impossible de trouver son foutu bureau dans ce noir... et avec toutes ces foutues portes, maugréa-t-il.

À mes côtés, Valentina demeurait immobile, mais je sentais la tension émaner d'elle, comme un prédateur prêt à bondir. Ses doigts glissèrent subtilement dans sa poche, et en une seconde, je compris : elle était armée.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant