LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]

49 : Les visiteurs

La nuit était lourde, oppressante, comme si les ténèbres elles-mêmes avaient décidé de s'infiltrer dans chaque recoin de la chambre, menaçantes et suffocantes. Je me réveillai en sursaut, le cœur battant à un rythme frénétique, résonnant dans mes tempes comme un tambour de guerre. Un cauchemar semblait s'accrocher à moi, laissant un goût amer de peur au fond de ma gorge. Les ombres dansaient sur les murs, épaisses, presque palpables, et c'est alors que je distinguai une silhouette devant les baies vitrées.

En plissant les yeux, un frisson glacé déferla en moi. Ezekiel se tenait là, figé dans la lumière froide de la lune, torse nu, son pistolet serré dans une main avec une détermination féroce. Ses muscles, tendus à l'extrême, dessinaient une silhouette à la fois captivante et terrifiante, comme un prédateur aux aguets, prêt à bondir. Le contraste entre sa posture imposante et le silence immobile de la pièce amplifiait l'inquiétude qui me dévorait.

Un cri d'effroi m'échappa, brisant le silence lourd comme du verre. Je me redressai, les draps serrés dans mes mains tremblantes, cherchant désespérément un point d'ancrage pour ne pas sombrer dans cette terreur viscérale. Mon souffle était haché, incontrôlable.

Ezekiel tourna lentement la tête vers moi, ses yeux froids et perçants m'enveloppant d'un regard glacial. Pas un mouvement brusque, seulement cette précision calculée, effrayante, comme s'il pesait chaque geste avec la rigueur d'un chasseur prêt à abattre sa proie. Il était là, à quelques mètres, mais une distance infinie semblait nous séparer. La lumière argentée de la lune accentuait les traits durs de son visage, faisant briller ses yeux d'une lueur insondable. Mon estomac se tordit ; c'était lui, cet homme que j'aimais... mais à cet instant, il semblait être autre chose, quelque chose d'intangible, d'inaccessible, un danger autant qu'une protection.

— Reste dans ta chambre, Anastasia, dit-il d'une voix basse, calme, mais si tranchante qu'elle me glaça le sang. Quoi qu'il arrive, ne sors pas.

Ses mots, calculés et lents, résonnèrent comme un ordre inébranlable. Une terreur sourde s'insinua en moi, figée par la menace latente qu'ils transportaient.

— Que... Qu'est-ce qui se passe ? balbutiai-je, ma voix éraillée, à peine un murmure au milieu du silence oppressant.

Il détourna son regard vers la nuit obscure de l'extérieur, son dos large et musclé se contractant sous la peau tendue. La tension semblait presque vibrer dans l'air autour de lui, chaque fibre de son corps tendue dans une vigilance brutale. Il était comme une bête prête à bondir, prête à affronter un ennemi invisible. Mon cœur battait encore plus fort, sentant la présence d'un danger imminent, tapie dans l'ombre, une menace dont j'ignorais tout mais qui semblait se refermer sur nous.

— Nous allons avoir de la visite, lâcha-t-il, sa voix froide et coupante, ses doigts blanchissant autour de la crosse du pistolet.

La tension monta d'un cran, chaque seconde qui passait était un pas de plus dans l'incertitude. Mon esprit tournait en boucle, cherchant des réponses dans le chaos qui s'insinuait en moi. Qui était cet intrus ? Pourquoi maintenant, cette nuit-là ? Étions-nous réellement en danger, ou était-ce seulement une autre de ces confrontations qu'il ne m'avait jamais dévoilées ?

— Ezekiel... tu peux me dire ce qu'il se passe ? insistai-je, tentant de garder une voix stable alors que la panique s'infiltrait dans mes mots, m'enserrant la gorge.

Il se tourna vers moi, et lorsque ses yeux plongèrent dans les miens, une vague glaciale me traversa. Son visage, si souvent impassible, était dur, impitoyable, comme taillé dans la pierre, portant une concentration presque inhumaine. Une intensité farouche brûlait dans ses yeux, une promesse silencieuse qui m'effrayait autant qu'elle me rassurait. Je sentais une brutalité contenue dans chacun de ses muscles, une détermination implacable que rien ni personne ne pourrait briser.