76 : La menace persistante de Viktor

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Quelques minutes plus tard, après que mes sanglots se soient enfin apaisés, nous reprîmes la route. Je m'enfonçai dans mon siège, recroquevillée, les yeux gonflés et fatigués, comme si la moindre émotion avait été arrachée de moi, laissant un vide immense et insupportable.

Le silence entre Tania et moi était presque sacré, un accord tacite qu'elle brisa finalement d'une voix basse mais résolue.

— On va le trouver, Anastasia, lança-t-elle soudain. Cette fois, on s'assurera que tu n'aies plus jamais à affronter cela seule.

Ses mots, empreints d'une farouche détermination, me frappèrent en plein cœur. Ils étaient comme une promesse, un serment silencieux qu'elle m'offrait, et malgré la chaleur réconfortante qu'ils portaient, je n'avais pas la force de répondre. Épuisée, vidée, mon corps et mon esprit réclamaient une trêve, un répit, ne serait-ce qu'un instant.

Je fermai les yeux, me laissant glisser vers un sommeil fragile, où les ombres du passé continuaient de me hanter, les fantômes de mes parents revenant, encore et encore.

Lorsque je m'éveillai, j'étais dans ma chambre, allongée sur mon lit, le regard fixé sur le plafond. Une lourdeur accablante pesait sur moi, chaque muscle protestant sous le poids de cette fatigue émotionnelle qui s'était ancrée dans mes os. À mes côtés, Tania se redressa, son visage se détendant immédiatement en me voyant éveillée, un sourire soulagé flottant sur ses lèvres.

— Est-ce que tu te sens mieux ? demanda-t-elle doucement, avec cette sincérité qui me touchait malgré moi.

Je détournai le regard, cherchant mes mots. Comment répondre à une question si simple, quand tout en moi semblait brisé ?

— J'ai dormi combien de temps ? demandai-je finalement, ma voix rauque.

— Deux heures. La nuit commence doucement à tomber.

Un hochement de tête fut ma seule réponse. Chaque geste, chaque pensée, me semblait peser une tonne. Lentement, je me levai, mon corps tout entier protestant, et esquissai un sourire fatigué pour la remercier. Sa présence avait été comme un baume apaisant, même si la douleur persistait, sourde, en arrière-plan.

— Tu devrais prendre du temps pour toi, ajouta-t-elle en se dirigeant vers la porte. Ces vacances avec Ezekiel te feront du bien.

Mais alors qu'elle quittait la pièce, quelque chose se ralluma en moi. La douleur, toujours là, se transmutait doucement en une flamme, une colère sourde, une détermination qui se déployait. Fuir ? Ce n'était plus une option. Pas maintenant.

Je me levai, un feu nouveau brûlant dans mon regard, et me dirigeai vers le bureau d'Ezekiel, chaque pas lourd de décision. Le silence oppressant du couloir semblait amplifier le martèlement de mon cœur, qui résonnait à mes oreilles comme une marche vers l'inéluctable. Lorsque j'ouvris la porte, la lumière tamisée de sa lampe de bureau jetait des ombres inquiétantes, accentuant la fatigue dans ses traits.

Ezekiel était là, penché sur une montagne de dossiers, submergé par un fardeau de responsabilités. Pourtant, en me voyant entrer, il leva les yeux, et je sentis son regard s'adoucir, une préoccupation profonde effaçant, pour un instant, l'épuisement dans ses yeux.

— Anastasia... murmura-t-il doucement. Comment te sens-tu ?

Je restai silencieuse, le cœur battant la chamade, avant de me rapprocher de lui, pas à pas, cherchant dans sa présence un ancrage face à l'ouragan qui menaçait de m'emporter. Tremblante, je m'assis sur ses genoux, cherchant refuge dans la chaleur de son étreinte, laissant mes bras s'enrouler autour de son cou.

— Il... il me fait peur, soufflai-je, ma voix brisée par la fragilité que je n'osais montrer qu'à lui.

Je sentis la tension dans son corps, mais il resta immobile, ses mains posées fermement sur mes hanches. D'un geste infiniment tendre, il déposa un baiser sur mon front, comme pour m'assurer qu'il était là, que rien ne pourrait m'atteindre tant qu'il serait à mes côtés.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant